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Le chef de la junte birmane en visite en Chine pour la première fois

Une visite historique en territoire chinois pour le chef de la junte birmane, Min Aung Hlaing. Malgré les tensions, la Chine reste un allié crucial pour le régime militaire birman depuis le coup d'Etat de 2021. Quels enjeux se cachent derrière cette rencontre au sommet ?

C’est un voyage diplomatique qui ne manquera pas de faire parler. Pour la première fois depuis sa prise de pouvoir par un coup d’Etat en 2021, le chef de la junte birmane, Min Aung Hlaing, se rendra cette semaine en Chine, a annoncé le régime militaire lundi. Une visite cruciale pour le Myanmar, qui trouve en son voisin chinois l’un de ses rares soutiens sur la scène internationale.

Malgré les condamnations internationales qui ont suivi le renversement du gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi il y a deux ans, la Chine n’a en effet jamais cessé d’apporter son appui à la junte birmane. Pékin, principal partenaire commercial du Myanmar, lui fournit notamment des armes et soutient son projet d’organiser de nouvelles élections pour permettre au pays, en proie à une sanglante guerre civile, d’entamer une “transition démocratique”.

Un sommet économique sous tension

C’est à l’occasion du sommet de la coopération économique de la sous-région du Grand Mékong (GMS), qui se tiendra dans la ville chinoise de Kunming, que Min Aung Hlaing foulera le sol chinois. Outre la Chine et la Birmanie, ce groupe comprend également la Thaïlande, le Laos, le Vietnam et le Cambodge.

Mais les relations entre les deux pays ne sont pas au beau fixe pour autant. Pékin reproche notamment à la junte son incapacité à réprimer les escroqueries en ligne ciblant depuis le Myanmar des citoyens chinois. Un fléau tel que la Birmanie a dû extrader l’an dernier plus de 40.000 personnes soupçonnées d’avoir participé à ces opérations illégales, selon un média officiel chinois.

Par ailleurs, la mainmise de la junte birmane sur le pays est loin d’être totale. Selon des analystes, la Chine maintiendrait en parallèle des liens avec certains groupes ethniques armés birmans, dont certains se sont emparés de territoires auparavant contrôlés par la junte dans l’Etat Shan, une région frontalière avec la Chine, perturbant ainsi les échanges commerciaux bilatéraux.

L’armée birmane en difficulté

Car depuis le putsch de 2021, qui a renversé le gouvernement légitime, l’armée birmane peine à contrôler le pays. Outre les groupes armés des minorités ethniques, elle doit faire face à la résistance acharnée des Forces de défense du peuple (PDF), une milice pro-démocratie. Des affrontements qui ont tourné à l’avantage des opposants, la junte essuyant plusieurs défaites militaires ces derniers mois.

Face à cette situation, Min Aung Hlaing a demandé aux groupes rebelles de cesser les combats et d’entamer des pourparlers de paix. Mais pour l’heure, ses appels sont restés lettre morte. La guerre civile a déjà fait plus de 3.000 morts et déplacé plus d’un million de personnes.

La Russie, l’autre allié de la junte

Si la Chine est le principal soutien de la junte birmane, elle n’est pas le seul. La Russie de Vladimir Poutine est l’autre grande alliée du régime militaire. Min Aung Hlaing s’est d’ailleurs rendu à plusieurs reprises à Moscou depuis le putsch, rencontrant notamment le président russe en 2022. Comme la Chine, la Russie fournit des armes à la Birmanie.

Inquiétudes de la communauté internationale

Cette visite du chef de la junte en Chine risque de raviver les inquiétudes de la communauté internationale. De nombreux pays, occidentaux en tête, réclament un retour à l’ordre démocratique en Birmanie et la libération d’Aung San Suu Kyi, toujours en détention. Mais jusqu’à présent, leurs appels et leurs sanctions sont restés sans effet, la junte pouvant compter sur l’appui indéfectible de ses alliés chinois et russe.

Reste à savoir si cette visite permettra de débloquer la situation. Mais selon une porte-parole de la diplomatie chinoise, Mao Ning, il s’agira surtout, dans le contexte actuel de “faiblesse de la reprise mondiale et de troubles géopolitiques”, de “renforcer l’unité et la coopération” et de “se concentrer sur le développement et la prospérité”. Des mots qui laissent peu d’espoir d’un changement de cap de la part de Pékin sur le dossier birman.

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