La cour d’assises spéciale de Paris débute ce lundi le procès de huit accusés, dont deux jeunes amis de l’assaillant, pour leur rôle dans l’assassinat de Samuel Paty. Ce professeur d’histoire-géographie de 47 ans avait été décapité le 16 octobre 2020 par un jeune islamiste radical russe d’origine tchétchène, Abdoullakh Anzorov, tué par la police peu après. Un procès attendu qui met en lumière le péril mortel de l’islamisme en France.
Les accusés face à leurs responsabilités
Sur le banc des accusés, deux jeunes hommes de 22 et 23 ans, proches d’Anzorov, risquent la réclusion criminelle à perpétuité pour “complicité d’assassinat terroriste”. Ils sont notamment accusés d’avoir accompagné le tueur dans une coutellerie la veille de l’attentat. Six autres personnes, dont le père d’une collégienne et un militant islamiste, comparaissent pour “association de malfaiteurs terroriste”, passible de 30 ans de prison.
Brahim Chnina, le père de l’élève, et Abdelhakim Sefrioui, le militant, sont accusés d’avoir lancé une campagne de haine contre le professeur sur les réseaux sociaux, basée sur les mensonges de la collégienne qui prétendait que Samuel Paty avait demandé aux élèves musulmans de quitter la classe avant de montrer des caricatures de Mahomet. Un mensonge lourd de conséquences.
L’onde de choc de l’assassinat
Le meurtre sauvage de Samuel Paty, en plein procès des attentats de Charlie Hebdo, avait provoqué une vive émotion en France. Cet enseignant dévoué, “esseulé, apeuré, aux abois” selon les juges, avait alerté ses collègues des menaces qui pesaient sur lui. Pourtant, il n’avait jamais bénéficié de protection policière. Un marteau retrouvé dans son sac après sa mort témoigne du sentiment d’insécurité qui l’habitait dans ses derniers jours.
Son martyre doit permettre une prise de conscience de notre société face à un péril mortel.
– Les avocats de la famille de Samuel Paty
Mettre au jour l’entrisme islamiste
Au-delà de l’horreur du crime, ce procès doit révéler la profondeur de l’entrisme islamiste en France et ses liens avec le terrorisme. Près de trois ans d’enquête n’ont pas permis d’établir si les deux principaux accusés avaient connaissance du projet criminel d’Anzorov. Mais leur implication dans une association de malfaiteurs terroriste interroge.
Quant à la campagne haineuse menée contre Samuel Paty, elle illustre la capacité de nuisance des réseaux sociaux quand ils sont instrumentalisés par des islamistes pour cibler et isoler un “ennemi”. Un mécanisme inquiétant sur lequel la justice devra se pencher.
Un enjeu crucial pour la société française
Ce procès est l’occasion d’envoyer un message clair : la France ne laissera pas l’obscurantisme et la barbarie gagner du terrain. Les accusés devront répondre de leurs actes et de leur rôle, à des degrés divers, dans ce drame qui a ébranlé le pays.
Mais au-delà des condamnations individuelles, c’est toute la société qui est appelée à une vigilance accrue face à la menace islamiste. Ce combat, Samuel Paty l’a payé de sa vie. Nous avons le devoir de poursuivre son oeuvre : éduquer et transmettre les valeurs de la République, au premier rang desquelles la liberté d’expression et la laïcité.
Jusqu’au 20 décembre, date prévue pour le verdict, la France a les yeux rivés sur ce procès. Celui des complices présumés de l’assassin, mais aussi le procès de notre capacité collective à résister à l’extrémisme et à défendre notre modèle démocratique. L’enjeu est de taille pour dessiner le visage de la France de demain.