À l’approche de la très attendue COP29 sur le climat qui se tiendra du 11 au 22 novembre à Bakou, les négociations s’annoncent intenses autour d’un enjeu central : la définition d’un nouvel objectif financier pour la lutte contre le changement climatique. Ces discussions hautement techniques mais cruciales pour l’avenir de la planète ont déjà donné naissance à tout un jargon qui risque de s’inviter dans les débats. “NCQG”, “oignon”, “quantum”… Décryptage des mots clés à connaître pour suivre cette grand-messe climatique.
Conférence des Parties ou “COP” : le rendez-vous incontournable
Chaque année, les pays signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) se réunissent lors d’une “Conférence des Parties” ou “COP”. Ce grand raout international rassemble quasiment tous les pays du monde, de l’Afghanistan au Zimbabwe, pour faire le point sur la lutte contre le réchauffement. Organisées depuis 1995, les COP se déroulent chaque année dans une ville différente avec une alternance entre les continents. La 29e édition se tiendra cette année à Bakou, la capitale de l’Azerbaïdjan.
L’objectif phare de la COP29 : le fameux “NCQG”
Le principal enjeu de la COP29 sera de s’accorder sur un “Nouvel objectif collectif quantifié” ou “NCQG” pour le financement climatique. Ce nouveau jalon doit remplacer l’objectif précédent fixé en 2009 qui prévoyait une mobilisation de 100 milliards de dollars par an des pays développés vers les pays en développement. Atteint en 2022, ce montant couvrait à la fois des financements publics (aide bilatérale, banques de développement…) et des apports privés (crédits exports, investissements…). L’accord de Paris de 2015 stipulait qu’un nouvel objectif chiffré, avec un plancher minimum de 100 milliards, devrait être défini avant 2025.
L'”oignon” : une architecture de financement à plusieurs couches
Pour structurer ce nouveau mécanisme financier, les pays développés poussent l’idée d’un modèle à plusieurs étages, souvent comparé à un “oignon”. Le cœur serait composé de financements publics, entourés de différentes strates comprenant des apports privés et des contributions volontaires. Mais cette approche suscite des inquiétudes chez les pays bénéficiaires qui craignent un engagement trop flou des pays riches.
La nouvelle enveloppe devra avoir un solide socle de financements publics en son cœur, avec une part importante de dons ou de prêts à taux préférentiels.
Simon Stiell, patron de l’ONU Climat
Le “quantum” : le fameux montant tant attendu
C’est la question à 100 milliards (ou plus) : quel sera le montant final du nouveau mécanisme financier ? Ce chiffre baptisé “quantum” cristallise toutes les attentes pour l’après-COP29. Si le modèle en “oignon” est retenu, ce sont peut-être même plusieurs montants qui seront annoncés, correspondant aux différentes strates de financement.
Élargir la “base de contributeurs” : le défi de la COP29
En 1992, la CCNUCC avait divisé le monde en deux blocs : les pays industrialisés historiquement responsables du réchauffement (listés dans l'”annexe I”) et les pays en développement. Mais 30 ans après, la donne a changé. Émergence de nouvelles puissances économiques, explosion des émissions dans certains pays du Sud… Les pays développés veulent désormais un partage plus large de l’effort financier, impliquant des pays comme la Chine, Singapour ou les pétromonarchies du Golfe. Un élargissement qui s’annonce délicat…
La COP29, un tournant décisif pour le climat
Au-delà du jargon, la COP29 marquera un moment clé pour la finance climatique et plus largement pour la lutte contre le réchauffement. L’aboutissement des négociations sur le fameux “NCQG” enverra un signal fort sur la capacité de la communauté internationale à tenir ses engagements et à relever l’ambition face à l’urgence climatique. Répartition de l’effort entre pays riches et émergents, équilibre entre financements publics et privés, définition de trajectoires crédibles : les points de friction ne manqueront pas à Bakou. Rendez-vous en novembre pour suivre cet événement planétaire où chaque mot comptera.