C’est l’heure de vérité pour les futurs commissaires européens. À partir de ce lundi, les membres de la nouvelle équipe d’Ursula von der Leyen vont passer sur le gril du Parlement européen à Bruxelles. Au programme : des auditions couperet de trois heures chacune, rythmées par un feu roulant de questions des eurodéputés. L’enjeu est de taille, puisqu’au terme de ce grand oral, la candidature de chaque commissaire sera validée ou récusée. Un vote final est prévu le 27 novembre pour entériner la nouvelle Commission, qui doit prendre ses fonctions début décembre.
Un subtil jeu de pouvoirs
Ces auditions sont l’une des rares occasions pour le Parlement d’affirmer son autorité face à la Commission, dont les pouvoirs étendus agacent certains députés. C’est un exercice d’équilibriste entre les institutions européennes, les États membres et les forces politiques représentées à l’hémicycle.
En 2019, trois candidats dont la Française Sylvie Goulard avaient été rejetés, infligeant un camouflet à Emmanuel Macron. Cette année, certains commissaires comme le Hongrois Olivér Várhelyi ou l’Italien Raffaele Fitto, membre du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia, suscitent la controverse. Mais les récuser pourrait laisser les mains libres à des dirigeants comme Viktor Orban pour réclamer de meilleurs portefeuilles, selon une source diplomatique.
La pression monte pour les candidats
Du côté des prétendants, la tension est palpable. Pendant plusieurs semaines, ils ont enchaîné les rendez-vous avec les eurodéputés et potassé leurs dossiers, allant jusqu’à s’entraîner lors « d’auditions blanches ». L’objectif ? Être parés à toutes les questions et ne pas se laisser déstabiliser.
C’est un mélange de nervosité et d’adrénaline. Le plus dur est de gérer la pression tout en restant fidèle à ses convictions.
Virginijus Sinkevičius, commissaire sortant à l’Environnement
Face aux controverses, certains candidats tentent de rassurer. Dans des réponses écrites aux eurodéputés, Raffaele Fitto a ainsi mis en avant son passé dans un parti pro-européen avant de rejoindre Fratelli d’Italia, assurant être « un fervent partisan des principes de l’État de droit ».
Des enjeux politiques et personnels
Au-delà des personnalités, ce sont aussi des lignes politiques qui s’affrontent. La droite et l’extrême droite entendent bousculer l’Espagnole Teresa Ribera sur la transition écologique ou le Danois Dan Jorgensen sur l’énergie, leur reprochant notamment leurs positions anti-nucléaire.
Des considérations plus locales entrent aussi en jeu, comme au Luxembourg où les sociaux-démocrates dénoncent l’éviction de leur commissaire sortant au profit d’un membre de la droite. Bref, un vrai casse-tête politique en perspective.
Les points chauds à surveiller
- L’audition mercredi soir du Hongrois Olivér Várhelyi, proche de Viktor Orban
- L’Italien Raffaele Fitto, membre de Fratelli d’Italia, qui divise
- La socialiste espagnole Teresa Ribera et le Danois Dan Jorgensen, ciblés par les anti-nucléaire
- Des enjeux locaux comme la nomination du Luxembourgeois Christophe Hansen
Les jours à venir s’annoncent donc intenses et décisifs dans les couloirs du Parlement européen. Les eurodéputés parviendront-ils à imposer leur marque sur la future Commission ? Réponse d’ici fin novembre, lorsque la fumée blanche s’élèvera au-dessus de Bruxelles, signalant l’adoption – ou non – de la nouvelle équipe.