Les inondations meurtrières qui ont frappé l’Espagne en début de semaine ont laissé la population de Paiporta, une commune près de Valence, sous le choc et la colère. Alors que le bilan humain s’alourdit et que les dégâts matériels sont considérables, la visite officielle tant attendue des autorités a viré au chaos ce dimanche. Le roi Felipe VI et la reine Letizia, accompagnés du Premier ministre Pedro Sánchez et du président régional Carlos Mazón, ont été pris à partie par une foule en furie.
Une journée de tension et d’émotion
Dès l’arrivée du cortège officiel dans les rues de Paiporta, encore jonchées de boue et de débris, l’atmosphère était électrique. Des centaines d’habitants se sont massés autour des véhicules, hurlant leur désespoir et leur colère. “Assassins !”, “Fils de putes !”, pouvait-on entendre fuser de la foule. Beaucoup reprochent aux autorités leur réaction tardive face à cette catastrophe qui a déjà fait plus de 70 morts selon la municipalité, et de nombreux disparus.
Le couple royal pris pour cible
Malgré les tentatives de la sécurité de les protéger, le roi Felipe VI et la reine Letizia ont été directement confrontés à la fureur de la population. Sous les jets de boue et de débris, le couple royal a tenté d’écouter les doléances des habitants, le visage couvert de boue. “Si vous étiez venus dès le premier jour avec des bottes, le peuple vous aurait soutenus”, a lancé un jeune homme au roi. “Il y a des enfants morts, vous n’avez pas honte ?”, pouvait-on entendre crier au loin.
Des autorités pointées du doigt
Mais la colère des habitants de Paiporta ne visait pas uniquement la famille royale. Le Premier ministre Pedro Sánchez et le président régional Carlos Mazón ont dû être exfiltrés rapidement face au mécontentement général. Beaucoup les accusent de ne pas avoir relayé à temps l’alerte météo le soir des intempéries. “Où est Pedro Sánchez ? Pedro Sánchez, où est-il ?”, scandait la foule alors que le chef du gouvernement avait déjà quitté les lieux.
Une reconstruction qui s’annonce longue et difficile
Au-delà de la colère, c’est aussi l’inquiétude pour l’avenir qui domine chez les sinistrés. Avec des commerces et des infrastructures dévastées, beaucoup craignent des mois très difficiles. “Dans une semaine, vous allez tous nous oublier”, se désole Adrián Garcia, un habitant qui a tout perdu. Un sentiment d’abandon que cette visite officielle sous haute tension n’aura pas réussi à apaiser, bien au contraire.
Cette catastrophe naturelle, l’une des pires connues par l’Espagne ces dernières années, laissera des traces indélébiles. Au-delà du lourd bilan humain et matériel, c’est toute une communauté qui est meurtrie et qui devra se reconstruire. Un défi immense qui nécessitera la mobilisation de tous, autorités comme citoyens, dans un climat apaisé et constructif. Une perspective qui semble encore bien lointaine au vu des tensions qui ont éclaté ce dimanche à Paiporta.