En Nouvelle-Calédonie, même si l’état d’urgence a été levé et l’interdiction de TikTok abrogée mardi 28 mai, la situation reste extrêmement tendue sur le Caillou. Malgré les efforts des forces de l’ordre pour démanteler progressivement les différents points de blocage qui subsistent, les indépendantistes kanak souhaitent rester mobilisés et imposer leur calendrier pour l’avenir institutionnel de l’archipel.
Les leaders indépendantistes de retour sur le terrain
La levée de l’état d’urgence marque aussi la fin de l’assignation à résidence d’une vingtaine de figures indépendantistes. Libres de leurs mouvements, ils peuvent de nouveau haranguer leurs troupes sur les barrages. C’est le cas de Christian Tein, responsable de la Cellule de coordination des actions sur le terrain (CCAT). Pour lui, l’État français porte l’entière responsabilité des violences:
L’État a toujours foutu la merde ici dans notre pays avec ce sujet du corps électoral. Si on en est arrivés là aujourd’hui avec les morts, les gendarmes qui sont morts, c’est de la responsabilité première de monsieur Darmanin. C’est lui qui a le sang des kanaks, des gendarmes et de tous ceux qui sont partis, sur les mains.
– Christian Tein, responsable CCAT
Un calendrier propre aux indépendantistes
Pour les militants, la dernière visite du président Emmanuel Macron n’a pas répondu aux attentes. Ils jugent insuffisant le point d’étape promis d’ici un mois et veulent imposer leur propre agenda, comme l’explique Steeve, responsable terrain CCAT :
C’est nous-même qui allons imposer notre calendrier. Nous, on est partis sur trois mois de mobilisation. C’est un minimum.
– Steeve, responsable terrain CCAT
Un mouvement qui s’essouffle malgré tout ?
Pendant ce temps, policiers et gendarmes tentent de reprendre le contrôle de l’axe stratégique reliant Nouméa à l’aéroport international de La Tontouta, fermé jusqu’à dimanche au moins. Si les débris et carcasses de voitures témoignent de l’intensité des émeutes passées, la circulation a pu reprendre par endroits.
Mais au col de la Pirogue, point névralgique pour l’accès à l’aéroport, des militants sourient encore auprès d’une voiture en feu. Signe que les braises de la contestation restent vives malgré l’extinction des principales flammes. L’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie est plus que jamais en suspens, pris en étau entre les revendications indépendantistes et la fermeté de l’État.