Au cœur de l’Afrique, un événement extraordinaire se déroule chaque année, célébrant la résilience de l’esprit humain face à l’adversité. Le festival de Tumaini, niché dans le camp de réfugiés de Dzaleka au Malawi, rassemble des milliers de personnes autour de la musique, de l’art et de l’artisanat. Une communion vibrante entre réfugiés et Malawites, prouvant que l’humanité peut s’épanouir même dans les situations les plus difficiles.
Quand le Camp de Dzaleka Devient une Scène Mondiale
Ancien site carcéral reconverti en refuge pour les populations fuyant les conflits de la région des Grands Lacs en 1994, le camp de Dzaleka accueille aujourd’hui plus de 60 000 âmes venues de République démocratique du Congo, du Rwanda, du Burundi, d’Éthiopie et de Somalie. C’est dans ce contexte improbable qu’est né Tumaini, le seul festival au monde organisé dans un camp de réfugiés.
L’Espoir au Cœur de l’Adversité
Fondé par le poète congolais Menes La Plume, Tumaini signifie “espoir” en swahili. Plus qu’un simple rassemblement festif, c’est une plateforme de connexion et de coexistence, où réfugiés et Malawites célèbrent leurs cultures, exposent leur savoir-faire artisanal et montrent au monde leur incroyable résilience face aux épreuves.
Tumaini est la preuve que l’art et l’humanité peuvent prospérer même dans les situations les plus difficiles.
Menes La Plume, fondateur du festival
Une Scène Intergénérationnelle
Des artistes de renom venus d’Afrique du Sud, du Zimbabwe et de tout le Malawi se produisent aux côtés des talents locaux du camp. Parmi les temps forts de cette édition, l’émouvante prestation de Jetu, chanteuse de 72 ans née à Dzaleka, qui a subjugué la foule de sa voix puissante et de son énergie communicative.
Peu de gens de mon âge ont l’occasion de monter sur une scène et de se produire devant une telle foule. Je suis vraiment reconnaissante.
Jetu, chanteuse de 72 ans née à Dzaleka
La Jeunesse aux Commandes
Cette année, l’organisation du festival a été confiée aux jeunes du camp, pour la plupart nés sur place. Un passage de relais inspirant, salué par la directrice Tammy Mbendera :
C’est une source d’inspiration de les voir faire cela. Les résultats parlent d’eux-mêmes : la foule est heureuse, les artistes sont heureux, les habitants du camp sont heureux. Tout le monde a l’impression d’avoir été écouté.
Tammy Mbendera, directrice du festival
Une Leçon d’Humanité
Au-delà de la musique, Tumaini offre une précieuse opportunité de rencontre et de compréhension mutuelle entre réfugiés et Malawites. Comme le souligne une festivalière, Yasintha Kanyoza, c’est le seul moment où ils peuvent se mélanger, interagir et apprendre à mieux se connaître :
Les réfugiés sont généralement diabolisés et dépeints comme violents, affamés et désespérés. Mais Tumaini a changé ma perception : ce sont des personnes qui ont les mêmes besoins et les mêmes désirs que moi.
Yasintha Kanyoza, festivalière
En humanisant ainsi les réfugiés, trop souvent stigmatisés, le festival de Tumaini accomplit bien plus qu’un exploit artistique et logistique. C’est une leçon de tolérance, de résilience et d’espoir, qui résonne bien au-delà des frontières du Malawi. Son fondateur espère d’ailleurs pouvoir exporter ce concept novateur dans d’autres pays d’Afrique.
Alors que les défis humanitaires s’amplifient à l’échelle mondiale, des initiatives comme Tumaini nous rappellent que l’art et la culture restent de puissants vecteurs de dialogue, de compréhension et de paix. Une lueur d’espoir dans un monde trop souvent divisé.