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Échec des négociations sur le financement de la biodiversité à la COP16

La COP16 sur la biodiversité s'achève à Cali sur un constat d'échec. Malgré quelques avancées, les négociations sur le financement crucial pour stopper la destruction de la nature d'ici 2030 ont échoué. Un coup dur pour la planète qui soulève des questions sur notre capacité à relever le défi écologique. Mais tout espoir n'est pas perdu si la communauté internationale se mobilise dès maintenant...

C’est un constat d’échec qui plane sur la vallée luxuriante des Andes colombiennes. Après 12 jours de sommet à Cali, la COP16 sur la biodiversité s’est achevée samedi sans parvenir à un accord sur le financement de la feuille de route fixée par l’humanité pour enrayer la destruction de la nature d’ici 2030. Un coup dur pour notre planète déjà mal en point, qui soulève des questions inquiétantes sur notre capacité collective à relever l’immense défi écologique auquel nous faisons face.

L’échec des négociations sur le nerf de la guerre : l’argent

Le point le plus explosif des discussions concernait la façon d’atteindre l’objectif de porter à 200 milliards de dollars par an d’ici 2030 les dépenses mondiales pour préserver la biodiversité, dont 30 milliards d’aide des pays riches aux nations en développement. Un enjeu crucial et épineux qui a cristallisé les tensions Nord-Sud. Malgré une nuit blanche de pourparlers, l’impasse est restée totale, les pays développés refusant la création d’un nouveau fonds dédié réclamé par les pays du Sud.

Selon des sources proches des négociations, les positions figées du Brésil d’un côté, et de l’UE, du Japon et du Canada de l’autre, ont empêché tout compromis. Au petit matin, le constat amer de la perte du quorum des délégués, pressés d’attraper leur avion, a précipité la fin abrupte du sommet, sans même un accord de dernière minute.

La présidence colombienne entre satisfaction et déception

Si l’échec sur le financement laisse un goût amer, la ministre colombienne de l’Environnement Susana Muhamad, présidente de cette COP16, a malgré tout salué certaines avancées. Parmi ses priorités, elle se félicite d’avoir obtenu le renforcement du statut des peuples autochtones dans les futures COP biodiversité, la reconnaissance des droits des afro-descendants, ainsi que la mise en place d’un fonds multilatéral pour le partage des bénéfices tirés des ressources génétiques.

Mais au moment de constater la perte du quorum et de suspendre la séance plénière de clôture, l’émotion était palpable chez Mme Muhamad. Au bord des larmes, elle a reconnu que cet échec “rend plus faible et plus lent le potentiel” du processus onusien censé enrayer le déclin de la biodiversité. Malgré une forte mobilisation du gouvernement et du peuple colombien, elle a souligné que le résultat final “dépend des parties et du processus de négociation”.

Un signal alarmant pour l’avenir de notre planète

Cet échec de la COP16 biodiversité est un signal préoccupant qui en dit long sur notre difficulté collective à nous accorder sur les moyens de préserver ce bien commun vital qu’est la nature. Alors que la science ne cesse de tirer la sonnette d’alarme sur l’effondrement en cours du vivant, qui menace jusqu’à la prospérité de nos sociétés, la communauté internationale peine à se hisser au niveau d’ambition nécessaire.

Le temps presse pourtant. Déjà, plus d’un million d’espèces sont menacées d’extinction, les écosystèmes se dégradent à vitesse grand V, et les « services » inestimables rendus par la nature s’amenuisent. Pourtant, malgré les beaux discours, les financements restent très insuffisants, les objectifs peinent à se concrétiser sur le terrain, et les intérêts nationaux priment encore trop souvent sur l’intérêt général planétaire.

Un électrochoc salutaire pour la COP15 de Montréal ?

Certains veulent néanmoins voir dans cet échec un électrochoc potentiellement salutaire. Ils espèrent que ce rendez-vous manqué jouera un rôle d’aiguillon pour rehausser l’ambition lors de la COP15 biodiversité prévue en décembre à Montréal. Ce “sommet de la dernière chance” sera en effet crucial pour fixer le nouveau cadre mondial pour la biodiversité et donner une impulsion décisive à sa mise en œuvre.

D’ici là, il faudra impérativement combler le fossé abyssal entre pays riches et pauvres sur la question du financement. Cela passera par un effort massif des pays développés, principaux responsables historiques de la crise écologique, pour aider les pays du Sud à préserver leurs trésors naturels menacés tout en assurant leur développement.

La réussite de la COP15 dépendra de notre capacité collective à nous accorder sur une ambition et des moyens à la hauteur des enjeux. C’est une question de justice, de solidarité et surtout de survie. Nous n’avons plus le droit à l’erreur.

– Un négociateur proche du dossier

Plus largement, c’est une véritable révolution culturelle, économique et politique qu’il faut engager pour replacer la préservation du vivant au cœur de nos priorités et de nos modes de vie. Cela implique de repenser en profondeur nos rapports à la nature, nos modèles de production et de consommation, nos indicateurs de richesse. Une transformation systémique dans laquelle chacun, du simple citoyen aux décideurs politiques en passant par les entreprises, a un rôle vital à jouer.

L’échec de Cali doit servir de piqûre de rappel : face à l’urgence de la crise de la biodiversité, nous n’avons plus une minute à perdre. La COP15 sera le test décisif de notre volonté et de notre capacité à relever collectivement ce défi existentiel. L’avenir de notre planète et de l’humanité en dépend.

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