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Le Masters Féminin de Tennis Soulève des Questions en Arabie Saoudite

Le choix de l'Arabie Saoudite pour accueillir le prestigieux Masters de tennis féminin ne fait pas l'unanimité. Coco Gauff, jeune star du circuit, espère que cet événement pourra faire évoluer les mentalités dans le pays. Mais le défi s'annonce de taille face aux critiques sur la situation des droits des femmes et de la communauté LGBTQ. Le sport saura-t-il être un vecteur de changement ?

L’annonce du tournoi de tennis féminin le plus prestigieux de la saison, le Masters, en Arabie Saoudite cette année a suscité une vague de réactions. Au cœur des débats : la situation des droits des femmes et de la communauté LGBTQ dans le royaume, régulièrement pointé du doigt par les organisations internationales.

Un choix controversé

Le pays hôte de cette compétition réunissant les meilleures joueuses de la saison a surpris plus d’un observateur. L’Arabie Saoudite n’est en effet pas réputée pour son ouverture d’esprit sur les questions d’égalité des sexes et des droits des personnes LGBTQ. Plusieurs figures du tennis féminin, comme les légendaires Martina Navratilova et Chris Evert, n’ont pas manqué de faire part de leurs réserves.

Du côté des joueuses, les réactions sont plus mesurées. À l’image de la jeune star américaine Coco Gauff, numéro 3 mondiale, qui a déclaré en conférence de presse :

« Je suis évidemment très consciente de la situation en Arabie Saoudite. Mais je pense que le sport peut ouvrir des portes aux gens. »

Un engagement sur le long terme

Au-delà de la compétition, la WTA, qui gère le circuit professionnel féminin, a pris des engagements auprès des autorités saoudiennes. Il s’agit notamment d’un programme sur trois ans visant à développer la pratique du tennis chez les femmes dans le royaume. L’objectif affiché est d’utiliser le sport comme un levier pour faire évoluer les mentalités.

Coco Gauff veut croire en cette démarche, tout en restant vigilante :

« L’une des choses que j’ai dites, c’est que si nous venons ici, nous ne pouvons pas simplement jouer notre tournoi et repartir. Nous devons avoir un vrai programme, un vrai plan en place. Si je me sentais mal à l’aise ou si j’avais l’impression que rien ne se passe, alors peut-être que je ne reviendrais pas. »

Le pouvoir du sport en question

Cette prise de position de la jeune championne soulève la question du rôle que peut jouer le sport dans l’évolution des sociétés. De grands événements sportifs internationaux ont déjà été organisés dans des pays critiqués pour leur bilan en matière de droits humains, comme la Coupe du Monde de football 2022 au Qatar ou les Jeux Olympiques de Pékin en 2008.

Les défenseurs de ces choix mettent en avant la capacité du sport à rassembler, à ouvrir le dialogue et à faire évoluer les mentalités par l’exemple. Mais les détracteurs pointent le risque de « sportwashing », c’est-à-dire l’utilisation du sport par des régimes autoritaires pour redorer leur image sur la scène internationale sans engager de réelles réformes.

Des efforts encore insuffisants

Malgré quelques avancées ces dernières années, la situation des droits des femmes en Arabie Saoudite reste préoccupante. Si l’interdiction de conduire pour les Saoudiennes a été levée en 2018, de nombreuses discriminations persistent dans la loi comme dans les faits.

Quant aux personnes LGBTQ, elles sont toujours passibles de lourdes peines pouvant aller jusqu’à la peine de mort en vertu de la loi islamique en vigueur dans le royaume. Les relations sexuelles hors mariage sont également sévèrement réprimées.

Dans ce contexte, l’organisation d’une compétition sportive féminine de premier plan apparaît comme un geste fort, mais qui ne peut occulter la réalité d’un pays encore très conservateur. La route vers l’égalité des droits s’annonce encore longue et semée d’embûches.

Un pari risqué

Pour la WTA et les joueuses qui ont fait le déplacement à Riyad, c’est un pari audacieux qui comporte une part de risque. Celui d’être instrumentalisées dans une opération de communication, sans obtenir de gages concrets sur une évolution des droits des femmes et des personnes LGBTQ dans le pays.

Mais c’est aussi le pari d’un « soft power » du sport, capable de faire bouger les lignes là où la politique et la diplomatie peinent parfois à obtenir des résultats. Un pari dans lequel Coco Gauff et d’autres semblent vouloir s’engager, en dépit des critiques et des doutes.

L’avenir dira si cette stratégie porte ses fruits et si l’Arabie Saoudite saura saisir cette occasion pour prouver sa volonté d’ouverture et de modernisation. En attendant, les projecteurs seront braqués sur les courts de Riyad à partir de dimanche, pour un tournoi qui s’annonce sportivement relevé mais aussi riche en symboles et en enjeux qui dépassent largement le cadre du tennis.

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