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Polémique au Nigeria : des mineurs en détresse au tribunal

Des images choquantes de mineurs nigérians en détresse au tribunal après des mois de détention dans des conditions déplorables font scandale. La société civile s'indigne et réclame leur libération immédiate. Retour sur cette affaire qui secoue le Nigeria.

C’est une affaire qui secoue le Nigeria et indigne l’opinion publique. Des vidéos montrant de jeunes Nigérians, pour la plupart mineurs, en pleine détresse physique et psychologique lors de leur passage au tribunal vendredi dernier ont fait le tour des réseaux sociaux. Évanouissements, douleurs abdominales, les images des adolescents entassés et affaiblis ont provoqué un tollé général, relançant le débat sur les violences policières et les conditions de détention dans le pays.

76 jeunes arrêtés pour avoir manifesté

Les 76 jeunes Nigérians, dont une majorité de mineurs, ont comparu vendredi devant un tribunal d’Abuja, la capitale, près de trois mois après leur interpellation. Tous avaient été arrêtés début août, principalement dans le nord du pays, pour avoir participé à des manifestations dénonçant la crise économique qui frappe le Nigeria depuis un an et demi. Selon Amnesty International, les forces de sécurité avaient alors tué au moins 21 personnes et appréhendé plus de 700 manifestants.

Les images des prévenus prostrés et souffrants dans la salle d’audience ont choqué le pays. Plusieurs jeunes apparaissent assis ou allongés à même le sol, se tenant le ventre, visiblement épuisés voire évanouis. Une situation intolérable pour de nombreux Nigérians.

Les images montrent des mineurs, certains si faibles qu’ils pouvaient à peine se tenir debout, d’autres s’évanouissant d’épuisement et manque de nourriture.

Peter Obi, politicien nigérian

Conditions de détention “affreuses” dénoncées

Amnesty International a vivement dénoncé les “affreuses conditions de détention” de ces jeunes ainsi que “le mépris total du gouvernement pour l’état de droit”. L’ONG réclame “la relaxe immédiate et inconditionnelle” des mineurs.

De son côté, la police nigériane rejette les accusations de mauvais traitements, affirmant qu’une “aide médicale a été rapidement apportée” aux jeunes malades. Elle rappelle que “l’âge n’est pas un facteur qui empêche les individus de répondre à la loi”. Un porte-parole avait même déclaré à la télévision que “lorsque vous avez plus de 7 ans, vous pouvez être traduit en justice”.

Procès repoussé, le ministre de la Justice réclame une date anticipée

Initialement prévu en janvier, le procès des 76 prévenus pourrait finalement être avancé. Le ministre de la Justice, Prince Lateef Fagbemi, a en effet demandé à ce que cette date soit anticipée au vu du scandale suscité par l’affaire.

Au Nigeria, le sujet des violences policières est particulièrement sensible depuis octobre 2020 et le mouvement “EndSARS” qui dénonçait les exactions d’une unité spéciale. Le 20 octobre, des policiers et militaires avaient ouvert le feu sur un rassemblement pacifique à Lagos, réprimant dans le sang la plus grande manifestation antigouvernementale de l’histoire moderne du pays. Au moins 12 personnes avaient été tuées selon Amnesty International.

L’affaire des mineurs détenus et maltraités avant même d’être jugés illustre une nouvelle fois les dérives sécuritaires et judiciaires dans le pays le plus peuplé d’Afrique. Alors que la colère gronde, la société civile nigériane appelle à une réforme profonde du système pénal, exigeant plus de transparence et le respect des droits humains fondamentaux, y compris pour les plus jeunes.

Procès repoussé, le ministre de la Justice réclame une date anticipée

Initialement prévu en janvier, le procès des 76 prévenus pourrait finalement être avancé. Le ministre de la Justice, Prince Lateef Fagbemi, a en effet demandé à ce que cette date soit anticipée au vu du scandale suscité par l’affaire.

Au Nigeria, le sujet des violences policières est particulièrement sensible depuis octobre 2020 et le mouvement “EndSARS” qui dénonçait les exactions d’une unité spéciale. Le 20 octobre, des policiers et militaires avaient ouvert le feu sur un rassemblement pacifique à Lagos, réprimant dans le sang la plus grande manifestation antigouvernementale de l’histoire moderne du pays. Au moins 12 personnes avaient été tuées selon Amnesty International.

L’affaire des mineurs détenus et maltraités avant même d’être jugés illustre une nouvelle fois les dérives sécuritaires et judiciaires dans le pays le plus peuplé d’Afrique. Alors que la colère gronde, la société civile nigériane appelle à une réforme profonde du système pénal, exigeant plus de transparence et le respect des droits humains fondamentaux, y compris pour les plus jeunes.

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