C’était le duel attendu de ces élections européennes 2024. Le face à face tant redouté entre le premier ministre Gabriel Attal et le candidat du Rassemblement National Jordan Bardella. Jeudi soir, sur le plateau de France 2, les deux hommes se sont livrés à un débat d’une rare intensité. Plus qu’un échange d’idées, c’est un véritable combat de rue verbal auquel ont assisté médusés des millions de Français.
Un débat sous haute tension
Dès les premières minutes, le ton est donné. Invectives, attaques personnelles, rien n’est épargné à l’adversaire. Jordan Bardella dénonce “la soumission” du gouvernement à Bruxelles. Gabriel Attal fustige “le repli nationaliste” de son opposant. La joute vire rapidement à un dialogue de sourds où chacun campe sur ses positions.
Pris à partie, le modérateur peine à cadrer les échanges qui dérivent. Les sujets s’enchaînent sans qu’aucun compromis ne semble possible : immigration, souveraineté, écologie, pouvoir d’achat… Sur chaque thème, deux visions diamétralement opposées de la France et de l’Europe s’affrontent.
Indignation de François-Xavier Bellamy
En fin d’émission, piqué au vif, François-Xavier Bellamy, la tête de liste des Républicains, monte au créneau. Il dénonce un “débat stérile” entre “le premier ministre et son meilleur ennemi”. Et de pointer “l’indigence du débat public” symbolisé par ce duel.
“On ne lutte pas contre l’extrême droite en singeant ses postures et ses outrances. On la combat par la raison, le dialogue et le rassemblement.”
François-Xavier Bellamy, sur France 2
L’embarras des autres candidats
Dans la foulée, les réactions outrées des autres candidats se multiplient. À gauche, Raphaël Glucksmann et Manon Aubry dénoncent la “foire d’empoigne” et “l’absence de fond” des débats. Au centre, la liste Renaissance emmenée par Stéphane Séjourné peine à exister, prise en tenaille entre les deux favoris des sondages.
- Nathalie Loiseau : “Ce n’est pas le débat dont les Français ont besoin”
- Yannick Jadot : “L’écologie, grande oubliée de ce duel stérile”
- Fabien Roussel : “Et le pouvoir d’achat dans tout ça ?”
Un pays fracturé à une semaine du scrutin
Au final, ce débat n’aura fait que cristalliser les lignes de fracture qui traversent le pays. D’un côté, le camp du gouvernement, fidèle à la construction européenne mais confronté à une forte défiance. De l’autre, le RN, surfant sur les peurs et le rejet des élites mais toujours inquiétant pour beaucoup.
Entre les deux, une myriade de partis qui peinent à imposer d’autres alternatives. À une semaine du scrutin, les jeux semblent faits. Sauf énorme surprise, la bataille pour la première place se jouera entre la majorité présidentielle et le RN. Mais attention aux dynamiques de dernière minute. Car comme l’a montré ce débat, tout peut encore basculer dans cette campagne plus imprévisible que jamais.
