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Des Israélo-Américains Espèrent la Réélection de Trump

En Cisjordanie, des colons israélo-américains placent tous leurs espoirs dans une réélection de Donald Trump. Ils comptent sur lui pour ne pas entraver l'expansion des colonies et soutenir Israël face aux menaces. Mais l'issue du scrutin reste incertaine...

À moins d’une semaine d’une élection cruciale outre-Atlantique, le camp des colons israéliens en Cisjordanie occupée retient son souffle. Vivant au cœur du conflit israélo-palestinien, ces citoyens américains installés en territoire disputé ne cachent pas leur préférence : ils veulent à tout prix un second mandat de Donald Trump à la Maison-Blanche.

Un président ami d’Israël

Lors de son précédent mandat, le milliardaire républicain a profondément marqué la région par une politique ouvertement pro-israélienne : déplacement de l’ambassade américaine à Jérusalem, reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le Golan syrien annexé, appui aux accords de normalisation avec des pays arabes… Autant de décisions emblématiques saluées avec enthousiasme par le gouvernement de droite de Benjamin Netanyahou.

Sans surprise, 66% des Israéliens souhaiteraient le retour de Donald Trump au pouvoir selon un récent sondage. Dans les colonies de Cisjordanie, bastion du courant nationaliste et religieux, le soutien du 45e président américain atteint des sommets. «Je suis fière de vous dire que j’ai voté pour Trump», clame ainsi Eliana Passentin, installée depuis 29 ans à Eli, en plein cœur de la Cisjordanie.

L’ombre des pressions démocrates

Cette grand-mère originaire de San Francisco garde un mauvais souvenir des administrations démocrates précédentes, accusées de vouloir freiner l’expansion des colonies, jugées illégales par la communauté internationale. À l’inverse, l’équipe Trump a affiché une grande mansuétude envers la politique de colonisation d’Israël, tout en faisant des Palestiniens les grands perdants de son «plan de paix» unilatéral.

Chers États-Unis, notre plus grand allié, merci mais s’il vous plaît, comprenez que nous savons comment gérer notre pays.

– Eliana Passentin, colone israélo-américaine

Pour cette résidente d’Eli, l’enjeu est donc de pérenniser le contrôle israélien sur la Cisjordanie, qu’elle préfère appeler «Judée-Samarie», son nom biblique. À ses yeux, les accords internationaux autorisent les juifs à vivre sur ces terres ancestrales, promises à devenir israéliennes. Le statut devrait d’ailleurs évoluer prochainement avec un probable vote de la Knesset sur une annexion partielle du territoire.

Le spectre des menaces sécuritaires

Au-delà des considérations idéologiques, la question sécuritaire reste primordiale pour les colons, confrontés à une nouvelle escalade de violence en Cisjordanie et à Gaza. Les attaques répétées du Hamas et du Hezbollah ont plongé Israël dans un état de guerre quasi-permanent depuis un an. Une situation qui, selon Mme Passentin, justifie une riposte énergique :

Les choses ont changé depuis le 7 octobre et nous avons le droit de nous défendre. Je pense que le président Trump respecte et comprend cela.

Ce raisonnement trouve un écho chez de nombreux Israélo-Américains. Gedaliah Blum, 45 ans, craint qu’une victoire démocrate n’affaiblisse Israël face à ses ennemis en lui imposant des accords de cessez-le-feu défavorables :

Trump ne va pas faire pression sur Israël pour qu’il signe un cessez-le-feu qui permettra au Hamas de rester au pouvoir à Gaza, pour qu’il signe un accord de paix avec le Liban qui permettra au Hezbollah de rester au pouvoir.

– Gedaliah Blum, colon israélo-américain

Même s’il reconnaît un certain flou dans la position de Donald Trump sur les conflits régionaux, M. Blum estime que sa rivale Kamala Harris serait bien pire en exerçant des «pressions» et des «embargos» sur l’État hébreu.

Le rejet des valeurs «woke» et «libérales»

Autre grief partagé : la crainte d’une dérive idéologique des démocrates, accusés d’être trop influencés par le courant «woke» et le «libéralisme culturel». Des valeurs progressistes en décalage avec celles de nombreux juifs orthodoxes.

À 77 ans, Yisrael Medad, natif de New York, estime ainsi qu’une victoire républicaine serait bénéfique non seulement pour les États-Unis, mais aussi pour «les amis de l’Amérique à l’étranger», Israël en tête. Selon lui, Donald Trump garantirait un traitement plus «équitable» d’Israël et ne nierait pas «ses droits à se défendre, non seulement sur le plan physique, mais aussi sur le plan idéologique».

Un argument illustré par une récente polémique : l’absence de réaction de Kamala Harris face à un militant l’accusant de «génocide» à Gaza. Pour Yisrael Medad, «ce n’est pas le genre de personne qui se bat pour la liberté d’expression, ce n’est pas le type de candidat que je veux à la Maison-Blanche».

Un soutien crucial, une issue incertaine

À l’approche du scrutin du 7 novembre, le soutien des colons à Donald Trump apparaît donc sans faille. Un appui précieux pour le président sortant, qui a fait d’Israël un argument de campagne central pour séduire l’électorat évangélique et la droite dure.

Mais l’issue de ce duel électrique reste très incertaine. Si les sondages créditent les démocrates d’une courte avance au niveau national, la bataille s’annonce serrée dans les swing states qui feront la décision. En cas de défaite de leur champion, les colons devront composer avec une nouvelle donne américaine, sans doute moins favorable à leurs intérêts.

D’ici là, ils retiennent leur souffle et espèrent que leur voix pèsera, même de loin, dans les urnes. Un vote déterminant pour l’avenir d’Israël et l’éternel conflit qui l’oppose aux Palestiniens. Pour ces Israélo-Américains au cœur des colonies, l’heure est au suspense.

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