Le parti Conservateur britannique est à la croisée des chemins. Après une défaite historique aux dernières élections législatives, les Tories s’apprêtent à élire un nouveau leader ce samedi, parmi deux candidats résolument ancrés à droite. Kemi Badenoch, figure montante « anti-woke », affronte Robert Jenrick, ancien ministre de l’Immigration. L’enjeu : rebâtir une formation fragilisée et incarner une opposition crédible face au gouvernement travailliste.
Badenoch et Jenrick, deux visions pour un parti en quête d’identité
Kemi Badenoch, 44 ans, fait figure de grande favorite. Née au Royaume-Uni de parents nigérians, cette ancienne ministre prône un retour aux fondamentaux du conservatisme. Selon elle, le parti s’est montré trop « libéral » sur les questions de société. Son style direct, parfois polémique, séduit une base en quête d’une personnalité forte.
Face à elle, Robert Jenrick, 42 ans, veut créer un « nouveau parti conservateur », dans la lignée des réformes de Margaret Thatcher. Cet ancien avocat d’affaires, longtemps perçu comme un centriste, a durci son discours, notamment sur l’immigration, thème central de sa campagne.
L’immigration, cheval de bataille des deux candidats
Malgré leurs différences, Badenoch et Jenrick partagent une ligne dure sur l’immigration. La première affirme que « toutes les cultures ne se valent pas » pour justifier une réduction drastique des arrivées. Le second veut instaurer des quotas annuels et souhaite voir le Royaume-Uni se retirer de la Convention européenne des droits de l’homme.
Toute critique de l’empire colonial britannique est une forme d’antipatriotisme.
Robert Jenrick, candidat à la tête du parti conservateur
Brexit, austérité, scandales : l’héritage difficile des années Tories
Le futur chef des conservateurs devra composer avec le lourd passif de 14 années au pouvoir, marquées par :
- Un Brexit dont les bénéfices promis tardent à se concrétiser
- Une politique d’austérité qui a dégradé les services publics
- Les scandales à répétition sous Boris Johnson
Résultat : de nombreux électeurs traditionnels ont déserté les Tories, se tournant vers les Libéraux-démocrates au centre ou le parti d’extrême-droite Reform UK. L’aile modérée du parti, longtemps dominante, sort très affaiblie du scrutin de juillet.
Défis multiples pour le prochain leader de l’opposition
Outre la reconstruction du parti, le vainqueur de samedi devra relever plusieurs défis de taille :
- Incarner une opposition crédible face à un gouvernement travailliste porté par sa victoire
- Clarifier sa position sur des sujets clivants comme le changement climatique
- Reconquérir un électorat volatil, sensible aux questions identitaires et à la rhétorique populiste
Une chose est sûre : le nouveau visage des Tories aura fort à faire pour regagner la confiance des Britanniques et peser dans le débat politique national. Verdict des urnes ce samedi à 11h.