Au cœur de la Silicon Valley, berceau des géants de la technologie connus pour leur progressisme, un vent de changement se lève. De plus en plus de voix s’élèvent pour soutenir ouvertement Donald Trump et les idées conservatrices, à l’image du milliardaire Elon Musk qui mène la charge. Ce phénomène grandissant ébranle l’image d’une Silicon Valley acquise aux démocrates et soulève des questions sur l’avenir politique de la tech.
L’Influence Grandissante d’Elon Musk
Le soutien affiché d’Elon Musk à Donald Trump ne passe pas inaperçu. Véritable icône dans la Silicon Valley, le patron de Tesla et SpaceX multiplie les interventions en faveur du candidat républicain, que ce soit sur les réseaux sociaux comme X (anciennement Twitter) ou lors de rencontres avec des électeurs dans des États-clés comme la Pennsylvanie. Son influence est indéniable.
Les gens vénèrent Elon Musk ici, il a une grande influence.
– Vivek Wadhwa, professeur à l’université Carnegie Mellon Silicon Valley
Pour Nick Pinkston, fondateur de Volition, ce soutien ouvre la voie à d’autres conservateurs de la tech qui s’expriment désormais plus librement. Parmi eux, on retrouve notamment des libertariens comme Peter Thiel, cofondateur de PayPal avec Elon Musk, qui espèrent voir le gouvernement réduire les impôts et la régulation sous une administration Trump.
Un Mécontentement qui S’exprime
Si Trump n’a récolté que 34% des voix en Californie et 12,7% à San Francisco en 2020, les voix conservatrices se font plus audibles. La pandémie a cristallisé certains mécontentements face aux strictes règles sanitaires imposées par les autorités locales, perçues comme allant trop loin. Des entreprises comme Tesla en ont fait les frais.
San Francisco est beaucoup plus à gauche que le reste du pays, et beaucoup de personnes pensent que ça va trop loin.
– Sheel Mohnot, cofondateur de Better Tomorrow Ventures
D’autres sujets divisent, comme les politiques de diversité en entreprise ou les droits LGBT+. Certains, notamment parmi les immigrés, se disent plus conservateurs sans forcément rejeter ces communautés.
L’Idéalisme des Débuts Mis à Mal
Si les start-up de la Silicon Valley se voulaient révolutionnaires et portées par des valeurs, leur entrée sur le marché mondial et leur croissance rapide ont changé la donne. Difficile pour ces géants de maintenir une image lisse.
Elles se considéraient comme des révolutionnaires, des gentils. Cette vision simpliste est difficile à maintenir sur un marché mondial.
– Lawrence Quill, professeur à l’université San Jose State
Beaucoup d’employés restent cependant des démocrates centristes, relativement apolitiques. Le droit à l’avortement, protégé en Californie mais menacé ailleurs, est un thème majeur pour la vice-présidente Kamala Harris. Les grands patrons, eux, se font plus discrets, à l’image de Mark Zuckerberg (Meta) qui prend ses distances avec la politique.
Musk, “Plus Grande Menace pour la Démocratie” ?
Si les conservateurs gagnent du terrain, tous ne voient pas d’un bon œil l’activisme d’Elon Musk. Yann LeCun, directeur scientifique de l’IA chez Meta, l’a même qualifié de “plus grande menace pour la démocratie en Amérique” dans un tweet, le traitant “d’oligarque qui s’est acheté un énorme mégaphone pour soutenir un dictateur en puissance”.
L’avenir nous dira si la Silicon Valley basculera durablement du côté conservateur ou si les valeurs progressistes qui ont fait son identité reprendront le dessus. Une chose est sûre : la tech est plus que jamais un terrain de luttes politiques où les milliardaires pèsent de tout leur poids.