Le destin tragique de Sara Sharif, une fillette britannique de 10 ans, victime de sévices inimaginables de la part de sa famille, soulève une vague d’émotion et d’indignation au Royaume-Uni. Son calvaire, ponctué de coups, morsures, brûlures, fractures et enfermement, s’est achevé dans la mort en août 2023, tuée par son père Urfan Sharif, 42 ans, sa belle-mère Beinash Batool, 30 ans, et son oncle Faisal Malik, 29 ans, actuellement jugés à Londres.
Un catalogue d’horreurs insoutenables
Depuis l’ouverture du procès le 14 octobre à l’Old Bailey, les révélations sur les tortures endurées par la petite Sara glacent le sang. Son corps, abandonné dans son lit après que ses bourreaux se soient enfuis précipitamment au Pakistan, présentait un tableau effroyable :
- 25 fractures plus ou moins anciennes, certaines suggérant un étranglement
- 70 traces de coups et blessures sur tout le corps
- Traces de son sang sur des objets du quotidien détournés pour la frapper
- Cheveux et sang retrouvés sur des cagoules en plastique qui lui étaient scotchées sur la tête
Selon les experts, seuls des coups d’une violence inouïe, répétés dans le temps, ont pu causer de telles lésions à cette enfant sans défense.
L’école avait donné l’alerte, en vain
Le procureur a révélé que l’école avait signalé à plusieurs reprises des traces suspectes sur le visage de Sara et tenté d’interroger la fillette. Tétanisée, celle-ci avait accusé son frère, affirmant que sa belle-mère n’avait rien vu. Cette dernière avait ensuite invoqué un accident avec un crayon pour expliquer une énième marque.
Mais dans des messages privés, Beinash Batool se plaignait que son mari batte régulièrement Sara “car elle n’est pas sage”. “Elle est couverte d’ecchymoses, littéralement battue à mort”, écrivait-elle, affirmant aussi que l’enfant était “possédée”.
Déscolarisée et isolée pour mieux la maltraiter
Après un déménagement en avril 2023, le calvaire de Sara s’est intensifié. Déscolarisée brutalement par son père sous prétexte d’une instruction à domicile, la fillette s’est retrouvée totalement isolée et à la merci de ses tortionnaires. Les voisins entendaient régulièrement des cris, des pleurs, des coups et des insultes, en particulier de la belle-mère contre Sara.
Un trio cruel et lâche dans le box des accusés
Les trois accusés, qui ont plaidé non coupable, semblent accablés par les preuves exposées de leur cruauté. Seules des images de leur arrestation à l’aéroport, après un mois de cavale, suscitent parfois leur attention. Urfan Sharif avait osé déclarer aux policiers que sa fille “n’était pas sage”. “Je l’ai battue, je ne voulais pas la tuer mais je l’ai trop battue”, avait-il lancé avec un effroyable détachement.
Reste à comprendre comment cette enfant a pu subir un tel déchaînement de violences sans que nul ne puisse la sauver à temps. Son destin tragique interpelle sur la protection des mineurs les plus vulnérables, souvent invisibles derrière les murs de la sphère familiale, y compris dans un pays comme le Royaume-Uni. Le procès en cours devra faire la lumière non seulement sur les actes des bourreaux, mais aussi sur les failles d’un système qui a failli à protéger la petite Sara des monstres qui partageaient son foyer.