À quelques jours d’un scrutin américain à suspense, le président brésilien Lula crée la surprise. Dans un entretien exclusif accordé à la chaîne française LCI, l’homme fort de Brasilia affiche en effet publiquement son soutien à la candidate démocrate Kamala Harris, face à Donald Trump. Une prise de position rarissime pour un dirigeant étranger et qui pourrait peser dans la dernière ligne droite.
Lula : « Ce serait bien d’avoir Kamala Harris au pouvoir »
Interrogé sur ses préférences pour ce scrutin crucial outre-Atlantique, Lula a affiché un soutien franc à la colistière de Joe Biden en 2020. « Pour le renforcement de la démocratie aux États-Unis, c’est plutôt Kamala Harris au siège de la présidence », a-t-il déclaré sans détour, évoquant les troubles du Capitole en janvier 2021.
Comme moi, j’aime énormément la démocratie, je pense que c’est la chose la plus sacrée que les humains ont réussi à construire. Ce serait bien d’avoir Kamala Harris au pouvoir.
Lula, président du Brésil
Un appel du pied à la gauche française
Le dirigeant de gauche a aussi révélé avoir encouragé Jean-Luc Mélenchon à appeler à faire barrage à Marine Le Pen au second tour de la présidentielle française de 2022, malgré leurs différends avec Emmanuel Macron. « J’apprécie beaucoup Mélenchon et nous avons beaucoup d’affinités politiques. Lorsque Macron est allé au second tour, je lui ai dit qu’il fallait donner son soutien à Macron pour ne pas avoir l’extrême droite », a confié Lula.
Taxer les riches, priorité du prochain G20
Alors que le Brésil s’apprête à accueillir le prochain sommet du G20, Lula a aussi dévoilé l’une de ses priorités phares : pousser à une taxation mondiale des grandes fortunes. « Je veux laisser en héritage le fait que la pauvreté peut être éliminée du monde », a martelé celui qui entend bien imprimer sa marque sur la scène internationale.
Un timing remarqué
Si Lula prend ainsi position, c’est aussi que le duel Harris-Trump s’annonce particulièrement serré. Selon les derniers sondages, les deux candidats sont au coude-à-coude dans plusieurs swing states clés comme la Pennsylvanie ou le Wisconsin. Chaque soutien compte donc, y compris venant de l’étranger.
Les démocrates aux anges, les républicains fustigent
Côté démocrate, on se félicite de ce soutien de poids. Plusieurs porte-parole de la campagne de Kamala Harris ont salué un signal fort en faveur de la démocratie. À l’inverse, dans le camp Trump, on dénonce une ingérence étrangère inacceptable et on rappelle les liens anciens entre Lula et la gauche radicale américaine.
Quel impact sur l’électorat ?
Difficile toutefois de prédire l’impact réel qu’aura cette prise de position sur l’électorat américain. Si la parole d’un dirigeant étranger respecté peut toujours influencer à la marge, la présidentielle se jouera d’abord sur des enjeux intérieurs comme l’inflation, l’avortement ou l’insécurité. Mais dans un scrutin à l’issue aussi incertaine, le « facteur Lula » est un paramètre de plus dans une équation déjà complexe.
Une chose est sûre, en choisissant ainsi son camp, Lula s’affirme un peu plus comme un acteur incontournable de la scène internationale. Et en cas de victoire démocrate le 5 novembre, il pourra se prévaloir d’avoir été l’un des soutiens de la première heure de la nouvelle présidente des États-Unis. De quoi doper encore un peu plus son aura diplomatique.