C’est une trouvaille aussi insolite que fascinante qui a été faite récemment sur une plage de Merville-Franceville, dans le Calvados. Des restes d’un engin militaire allemand, datant vraisemblablement de la Seconde Guerre mondiale, ont été exhumés du sable. Cette découverte, qui nous plonge dans l’histoire, soulève bien des questions.
Un vestige de guerre inattendu
Tout a commencé il y a une quinzaine de jours, lorsque des promeneurs sont tombés sur d’étranges morceaux métalliques émergeant du sable. Intrigués, ils ont alerté les autorités locales. Rapidement, les gendarmes et les démineurs sont intervenus sur place pour sécuriser la zone et identifier l’objet.
D’après les premiers éléments, il s’agirait des vestiges d’un mini sous-marin militaire allemand, baptisé “Neger”. Long d’environ 7 à 8 mètres, l’engin est brisé en trois parties. Une torpille, heureusement désarmée, a également été retrouvée sous la carcasse.
On a creusé de part et d’autre, et assez rapidement, on a pu identifier ce que c’était.
Olivier Paz, maire de Merville-Franceville
Un sous-marin de poche au concept rudimentaire
Le “Neger”, de son nom de code, était en réalité plus proche d’une torpille pilotable que d’un véritable sous-marin. Il était constitué de deux torpilles électriques G7e, fixées l’une au-dessus de l’autre. La torpille supérieure avait sa charge explosive remplacée par un poste de pilotage exigu, dans lequel prenait place un unique marin.
Son tableau de bord était des plus basiques et la visibilité pour le pilote très limitée. Mais surtout, contrairement à un sous-marin classique, le “Neger” n’avait pas de capacité de navigation en immersion. Il naviguait en surface, ce qui en faisait une cible facile pour les navires et avions alliés.
Elle [la torpille] avait déjà été tirée et je pense que l’engin était en train de repartir quand il a coulé.
Olivier Paz, maire de Merville-Franceville
Une pièce d’histoire à préserver
Près de 80 ans après la fin du conflit, cette découverte est un témoignage saisissant des combats acharnés qui se sont déroulés sur les plages normandes. Elle nous rappelle les sacrifices consentis et l’ingéniosité déployée, dans ce cas par les Allemands, pour tenter de garder le contrôle des mers.
Pour le moment, l’épave du “Neger” est entreposée dans un bâtiment municipal, à l’abri des regards et des intempéries. Gageons que les historiens et spécialistes sauront faire parler ce témoin silencieux d’une époque troublée. Et qui sait, peut-être le verra-t-on un jour exposé dans un musée, pour transmettre cette page d’histoire aux générations futures.
Car c’est bien là tout l’enjeu : préserver et comprendre notre passé, aussi douloureux soit-il parfois, pour mieux construire notre avenir. Des vestiges comme celui-ci nous y aident, en nous offrant une plongée fascinante dans le temps.