C’est une nouvelle qui fera date dans l’histoire de la Colombie et de l’Amérique du Sud. Ce mardi 28 mai, les députés colombiens ont voté à une écrasante majorité pour interdire les spectacles de corrida sur tout le territoire national à compter de 2027. Une décision fracassante dans ce pays qui possède la plus longue tradition tauromachique du continent.
La fin d’une ère pour la tauromachie colombienne
Porté par les députés écologistes, le projet de loi abolissant la corrida a été adopté par 93 voix pour et seulement 2 contre. Un plébiscite qui en dit long sur l’évolution des mentalités dans la société colombienne, de plus en plus sensible à la question du bien-être animal.
Nous avons fait un pas en avant historique (…) la mise à mort des taureaux sera interdite dans le pays
– Andrea Padilla, sénatrice à l’origine du projet de loi
Si la loi n’entrera en vigueur que dans 3 ans, elle marque néanmoins la fin d’une époque pour ce pays où la tauromachie est profondément ancrée dans la culture populaire. Bogota, la capitale, et Medellin avaient déjà pris les devants en bannissant les corridas dès 2020. Désormais, c’est tout le territoire colombien qui devra se passer de ce controversé spectacle.
Un défi pour la reconversion des arènes et des professionnels
L’État s’est engagé à accompagner la transition pendant ces 3 années, en garantissant notamment des emplois alternatifs aux personnes dépendant directement ou indirectement de l’industrie tauromachique. Un véritable challenge quand on sait le poids de la filière, de l’élevage aux spectacles.
Autre enjeu de taille : la reconversion des arènes du pays, véritables temples de la tauromachie. La loi prévoit de les transformer en lieux dédiés au sport et à la culture. Tout un symbole.
La Colombie, nouveau porte-drapeau de l’abolition en Amérique du Sud
Avec ce vote, la Colombie rejoint le cercle des nations sud-américaines ayant tourné le dos à la corrida, aux côtés du Brésil, du Chili, de l’Argentine ou encore de l’Uruguay. Un signal fort envoyé aux pays voisins où la pratique perdure, comme l’Équateur, le Pérou ou le Venezuela.
- Le Brésil a aboli la corrida dès 1934
- Le Chili a suivi en 1989, l’Argentine en 1899
- L’Uruguay a banni cette pratique en 1912
Reste à voir si l’exemple colombien fera des émules dans la région. Une chose est sûre : le vent du changement souffle sur le continent, et la cause animale y gagne chaque jour du terrain. Un mouvement que plus rien ne semble pouvoir arrêter.
Une nouvelle ère pour le bien-être animal en Colombie ?
Au-delà du symbole, l’interdiction de la corrida pourrait bien marquer un tournant dans la prise en compte du bien-être animal en Colombie. Le pays, encore marqué par une forte culture machiste et des traditions ancestrales parfois cruelles envers les animaux, semble amorcer un virage sociétal majeur.
Sous la pression d’une opinion publique de plus en plus sensibilisée et mobilisée, d’autres pratiques controversées pourraient ainsi être remises en question dans les années à venir, comme les combats de coqs ou les cirques animaliers. La voie est ouverte pour une société colombienne plus respectueuse du vivant.
C’est une victoire historique pour les animaux, qui ouvre la voie à de nouveaux combats
– Juan Pablo Sanchez, directeur de l’ONG AnimaNaturalis en Colombie
Quoi qu’il en soit, la décision du Parlement colombien restera comme un moment charnière, reflétant la profonde transformation à l’œuvre dans le pays. Un pas de géant sur le long chemin de la reconnaissance des droits des animaux. Et un espoir pour tous ceux qui, en Colombie et ailleurs, se battent pour un monde plus éthique et compassionnel.