Le gouvernement israélien vient d’adopter un budget 2025 largement consacré à soutenir les guerres menées par le pays sur plusieurs fronts et à sauvegarder la résilience de son économie, selon une source proche du ministre des Finances. Avec une enveloppe globale de 607,4 milliards de shekels, soit environ 150 milliards d’euros, ce budget va devoir faire face à de nombreux défis.
Un budget de “guerres” dans un contexte tendu
Israël est actuellement engagé dans des conflits sur plusieurs théâtres d’opérations. Depuis le 7 octobre 2023, le pays affronte notamment le Hamas palestinien dans la bande de Gaza. Pour soutenir cet effort de guerre, une enveloppe de 9 milliards de shekels (2,2 milliards d’euros) est prévue afin d’aider les milliers de réservistes rappelés par l’armée.
Mais la situation sécuritaire est également tendue à la frontière nord avec le Liban, où le Hezbollah représente une menace constante. Sans compter les attaques et menaces régulières de l’Iran et de ses relais dans la région. Face à ces dangers, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a annoncé des enveloppes supplémentaires pour la Défense, dont le montant sera décidé par une commission spéciale sur la sécurité nationale.
Un déficit public de 4,3% et des coupes budgétaires contestées
Malgré ces dépenses militaires importantes, le déficit public devrait s’établir à 4,3% en 2025 selon les prévisions du ministre des Finances. Pour y parvenir, des coupes budgétaires sont prévues dans plusieurs ministères, suscitant la grogne de certains membres de la coalition gouvernementale.
C’est le cas notamment d’Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité intérieure issu de l’extrême droite, qui a dénoncé la baisse de dotation de son ministère. Selon lui, cela risque de “nuire au bon fonctionnement de la police, de l’administration pénitentiaire et des services de secours”. Les partis ultra-orthodoxes, autres piliers de la coalition, font également pression pour contrer un projet de conscription de certains étudiants des écoles talmudiques, jusqu’ici en partie exemptés de service militaire.
L’opposition dénonce un budget partial
Sans surprise, les groupes d’opposition ont vivement critiqué ce projet de budget 2025. Pour Yaïr Lapid, ancien Premier ministre et actuel chef de l’opposition, il fait la part belle aux partenaires de la coalition de Benjamin Netanyahu. Selon ses estimations, il devrait augmenter les dépenses de chaque famille israélienne de près de 5000 euros par an, tout en distribuant “des milliards à dix ministères inutiles”.
Benny Gantz, ex-ministre de la Défense, a quant à lui jugé ce budget insuffisant pour aider convenablement :
- Les réservistes qui quittent famille et travail pour servir au front
- Les quelque 66 000 personnes déplacées du nord du pays en raison des tirs de roquettes du Hezbollah
- Les victimes de la crise économique qui frappe Israël depuis un an
Débats à venir à la Knesset
Ce budget 2025, adopté par le gouvernement, doit maintenant être débattu et voté par les députés de la Knesset, le parlement israélien. Si la coalition de Benjamin Netanyahou y est majoritaire, les débats s’annoncent animés au vu des critiques déjà formulées, y compris en interne, sur les arbitrages budgétaires.
Le Premier ministre a salué “un budget important, difficile mais nécessaire en cette année de guerre”. Reste à savoir s’il parviendra à convaincre et rassembler une majorité de députés autour de ce projet controversé, qui impactera durablement les finances et la sécurité d’Israël dans les années à venir.