La finance décentralisée, ou DeFi, est en plein essor. Avec des milliards de dollars verrouillés dans divers protocoles, elle promet de révolutionner le système financier traditionnel en rendant les services financiers plus accessibles, transparents et résistants à la censure. Cependant, alors que la DeFi gagne en popularité, elle doit faire face à de nombreux défis, tant sur le plan réglementaire que technique.
La DeFi à la croisée des chemins réglementaires
Selon Charles D’Haussy, directeur général de la fondation dYdX, la DeFi en est aujourd’hui au même stade que l’Internet dans les années 90. À l’époque, les régulateurs peinaient à comprendre et à encadrer la nature décentralisée d’Internet. Ils cherchaient un “directeur général d’Internet” qui n’existait pas et ont fini par se concentrer sur la régulation des fournisseurs d’accès comme AOL et les FAI.
De la même manière, tant que la DeFi fonctionnera comme un écosystème financier ouvert et imprévisible sans contrôle central, les régulateurs ne se concentreront pas sur les protocoles eux-mêmes, mais sur les plateformes financières centralisées (CeFi) et autres passerelles comme points de régulation, argue D’Haussy.
La distribution de la DeFi évolue. La CeFi pourrait combler les lacunes en fournissant un pont pour les utilisateurs qui veulent des options décentralisées dans les limites réglementaires.
Charles D’Haussy, directeur général de la fondation dYdX
Vers un modèle hybride CeFi-DeFi ?
Pour D’Haussy, l’avenir de la finance passera par une intégration réussie de la CeFi et de la DeFi, en résolvant les problèmes techniques et réglementaires. Quand un échange comme Binance habilite un portefeuille non-custodial, il permet aux utilisateurs de faire plus avec la DeFi que ce que les régulations de la CeFi seule autorisent.
Ce modèle hybride pourrait être la clé pour démocratiser l’accès aux services financiers décentralisés tout en respectant les exigences réglementaires. Il permettrait de tirer parti des avantages de la DeFi – comme la transparence, l’ouverture et la résistance à la censure – tout en bénéficiant de la sécurité et de la conformité offertes par les acteurs CeFi.
Surmonter les barrières techniques
Au-delà des défis réglementaires, la DeFi doit également faire face à des obstacles techniques pour atteindre une adoption massive. L’expérience utilisateur reste un point faible, avec des interfaces complexes et peu intuitives pour le grand public. Des problèmes de scalabilité et de frais de transaction élevés sur Ethereum freinent également la croissance.
Cependant, de nombreux projets travaillent activement à résoudre ces problèmes. L’émergence de solutions de seconde couche comme Polygon ou Optimism promet d’améliorer considérablement l’évolutivité et les coûts. Et de plus en plus de protocoles mettent l’accent sur la simplification de l’expérience utilisateur pour rendre la DeFi accessible au plus grand nombre.
Un avenir prometteur malgré les obstacles
Malgré les nombreux défis auxquels elle est confrontée, la DeFi continue de croître à un rythme soutenu. Avec un cadre réglementaire adapté et des progrès techniques constants, elle a le potentiel de façonner l’avenir de la finance en offrant des services plus inclusifs, transparents et résilients.
Comme l’a souligné Charles D’Haussy, le futur de la finance passera probablement par une convergence réussie de la CeFi et de la DeFi. En combinant le meilleur des deux mondes, on peut espérer créer un système financier plus équitable et accessible, au bénéfice de tous. La route est encore longue, mais la destination en vaut assurément la peine.