Alors que les émissaires américains s’efforcent d’obtenir un cessez-le-feu au Liban, les frappes aériennes israéliennes se sont intensifiées vendredi matin, visant notamment la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah pro-iranien. Cette escalade militaire intervient à un moment crucial des négociations, à quelques jours de l’élection présidentielle américaine.
Selon des sources proches du dossier, la visite à Jérusalem des émissaires Amos Hochstein et Brett McGurk a pour objectif principal de trouver une issue à plus d’un mois de guerre entre Israël et le mouvement islamiste libanais, soutenu par l’Iran. Cependant, la nuit a été marquée par une série d’au moins 10 bombardements sur la banlieue sud de la capitale libanaise, régulièrement ciblée ces dernières semaines par l’armée israélienne.
Des destructions massives et des incendies
D’après l’agence nationale libanaise (ANI), les raids ont provoqué de fortes explosions, suivies d’épaisses volutes de fumée s’élevant de la zone touchée. Les bombardements ont causé des destructions massives, rasant des dizaines de bâtiments et déclenchant de nombreux incendies.
La veille, six secouristes affiliés au Hezbollah et à son allié Amal avaient perdu la vie dans des raids israéliens dans le sud du Liban, selon les autorités libanaises. Les environs de Tyr, dans le sud, et de Baalbeck, dans l’est, ont également été visés.
Une guerre qui s’étend du sud au nord
Initialement concentrée dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023, la guerre s’est propagée au Liban, où Israël mène des frappes aériennes massives contre le Hezbollah depuis le 23 septembre. Selon un décompte basé sur des données officielles, au moins 1 829 personnes ont été tuées au Liban depuis cette date.
Israël affirme vouloir neutraliser le Hezbollah dans le sud du Liban pour permettre le retour de quelque 60 000 habitants du nord de son territoire, déplacés par les tirs de roquettes incessants depuis le début de la guerre à Gaza. Jeudi, des tirs de roquettes en provenance du Liban ont encore fait sept morts dans le nord d’Israël, dont quatre travailleurs agricoles étrangers à Metoula, selon les autorités locales et thaïlandaises.
Un plan américain pour un retrait du Hezbollah
Des médias israéliens, citant des sources gouvernementales, ont révélé les grandes lignes du plan préparé par les émissaires américains. Celui-ci prévoirait un retrait du Hezbollah du sud du Liban, frontalier du nord d’Israël, ainsi que le retrait de l’armée israélienne de cette région, dont le contrôle reviendrait à l’armée libanaise et aux Casques bleus de l’ONU.
Dans ce scénario, le Liban aurait la responsabilité d’empêcher le réarmement du Hezbollah, tandis qu’Israël conserverait son droit à se défendre dans le respect du droit international. Cependant, des responsables israéliens ont affirmé que les soldats, engagés dans une offensive terrestre dans le sud du Liban depuis le 30 septembre, ne se retireraient pas avant un accord satisfaisant les exigences sécuritaires d’Israël.
Netanyahu refuse de céder aux pressions
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a reçu jeudi les émissaires américains, a assuré “apprécier” le soutien de Washington, tout en refusant de céder aux pressions de son allié. Il a insisté sur le fait que “les armées terroristes ne seront plus aux frontières d’Israël”, affirmant que ni le Hamas à Gaza ni le Hezbollah au Liban ne pourront s’installer dans des positions permettant d’envahir le territoire israélien.
Malgré cette position ferme, des médias israéliens évoquent la possibilité grandissante d’un cessez-le-feu, après que le chef d’état-major israélien, le général Herzi Halevi, a fait état du “démantèlement total de la chaîne de commandement” du Hezbollah. De son côté, le nouveau chef du mouvement islamiste, Naïm Qassem, s’était dit prêt mercredi à un cessez-le-feu “sous conditions”, sans préciser lesquelles.
Gaza, l’autre front du conflit
Parallèlement aux efforts diplomatiques au Liban, la visite des émissaires américains vise également à obtenir des progrès en vue d’une fin de conflit dans la bande de Gaza. Depuis le 6 octobre, l’armée israélienne concentre principalement son offensive dans le nord de l’enclave palestinienne. Jeudi, sept frappes aériennes ont visé Jabalia, Beit Lahia et Gaza-ville, selon des témoins.
La guerre a été déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent menée par le Hamas contre Israël, entraînant la mort de 1 206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte basé sur les données officielles israéliennes. Ce bilan inclut les otages tués ou morts en captivité. Sur 251 personnes enlevées, 97 restent otages à Gaza, dont 34 ont été déclarées mortes par l’armée israélienne.
En représailles, l’offensive menée par Israël à Gaza a fait 43 204 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l’ONU. Face à ce bilan humain catastrophique, la communauté internationale appelle de ses vœux à une désescalade rapide et à une résolution pacifique du conflit. Les efforts diplomatiques américains, à quelques jours d’une échéance électorale cruciale, seront déterminants pour l’avenir de la région.