Une opération militaire tchadienne contre le groupe jihadiste Boko Haram a tourné au drame. Selon des sources locales, des dizaines de pêcheurs nigérians auraient été tués par erreur par l’armée tchadienne dans la région du lac Tchad, à la frontière entre le Nigeria, le Niger, le Cameroun et le Tchad. Une bavure qui soulève de vives critiques.
Des pêcheurs pris pour cible
D’après des témoignages recueillis sur place, un avion de chasse tchadien aurait attaqué des pêcheurs sur l’île nigériane de Tilma, faisant de nombreuses victimes civiles. L’appareil aurait confondu ces pêcheurs avec des combattants de Boko Haram, qui avaient attaqué une base militaire tchadienne la veille.
« L’avion a encerclé Tilma avant de commencer à larguer des bombes pendant que les gens couraient dans toutes les directions pour se mettre à l’abri », raconte Sallau Arzika, un pêcheur rescapé. Un drame qui illustre toute la difficulté à distinguer les civils des jihadistes dans cette zone.
Les Boko Haram se fondent souvent au sein des pêcheurs et des paysans à chaque fois qu’ils commettent leurs forfaits. Il est donc difficile de faire la différence entre la population et les terroristes.
Un officier de l’état-major tchadien
Le président Déby en première ligne
La contre-offensive lancée par l’armée tchadienne en réponse à l’attaque de Boko Haram est « personnellement » dirigée par le président Mahamat Idriss Déby, selon la présidence tchadienne. Le chef de l’État, qui a succédé à son père Idriss Déby tué au front en 2021, serait sur le terrain pour coordonner les opérations.
Une implication directe destinée à montrer la détermination du Tchad à en finir avec la menace jihadiste. Mais cette bavure, si elle est confirmée, risque de ternir l’image de l’armée tchadienne et de compliquer ses relations avec le Nigeria voisin.
Boko Haram, un groupe difficile à contrer
Malgré une mobilisation régionale, le groupe Boko Haram continue de sévir dans le bassin du lac Tchad. Ses combattants très mobiles profitent de la géographie de cette zone – avec ses multiples îlots – pour se fondre au sein des populations locales et échapper aux forces armées.
En mars 2020, une autre attaque du groupe contre une base tchadienne dans la région avait fait près de 100 morts parmi les soldats, le plus lourd bilan essuyé par l’armée nationale dans sa lutte contre les jihadistes. Le nouveau président Déby, lui-même un militaire, est donc attendu sur sa capacité à endiguer cette menace.
Des victimes civiles à déplorer
Si les pêcheurs tués au Nigeria étaient bien des civils, ce drame viendrait allonger la liste des victimes collatérales du conflit contre Boko Haram, qui sévit dans la région depuis 2009. Selon l’ONU, les violences ont fait plus de 40 000 morts et 2 millions de déplacés au cours des dernières années.
Des chiffres qui rappellent l’ampleur de la crise humanitaire provoquée par l’insurrection jihadiste et l’urgence d’une réponse coordonnée des pays concernés. Tout en prenant soin d’épargner des populations prises entre deux feux.
Si les pêcheurs tués au Nigeria étaient bien des civils, ce drame viendrait allonger la liste des victimes collatérales du conflit contre Boko Haram, qui sévit dans la région depuis 2009. Selon l’ONU, les violences ont fait plus de 40 000 morts et 2 millions de déplacés au cours des dernières années.
Des chiffres qui rappellent l’ampleur de la crise humanitaire provoquée par l’insurrection jihadiste et l’urgence d’une réponse coordonnée des pays concernés. Tout en prenant soin d’épargner des populations prises entre deux feux.