Dans un contexte budgétaire tendu, le ministre de la Justice Didier Migaud a arraché une victoire importante. Alors que le projet de budget initial prévoyait un coup de rabot de 500 millions d’euros pour son ministère, il a finalement obtenu une rallonge de 250 millions d’euros pour l’année 2025. Une bouffée d’oxygène pour la Justice française, parent pauvre des ministères régaliens depuis de nombreuses années.
Un bras de fer remporté par Didier Migaud
Dès son arrivée Place Vendôme, le nouveau garde des Sceaux avait fait part de son mécontentement face aux coupes budgétaires envisagées, menaçant même de démissionner si des crédits supplémentaires n’étaient pas débloqués. Un coup de bluff qui a finalement payé puisque Bercy a accepté de revoir sa copie, allouant 250 millions d’euros de plus que prévu au budget Justice.
Pour Didier Migaud, c’est un signe fort envoyé par le gouvernement :
Cet arbitrage prouve que la Justice reste une priorité pour l’exécutif malgré un contexte financier difficile. Nous allons pouvoir tenir nos engagements en termes d’effectifs et de rémunérations.
Didier Migaud, ministre de la Justice
Concrètement, à quoi vont servir ces 250 millions ?
Selon le ministère, cette enveloppe supplémentaire va permettre de financer plusieurs chantiers prioritaires :
- Le recrutement de 1550 emplois, dont des magistrats, des greffiers et des juristes assistants, conformément aux engagements de la loi de programmation votée en 2023.
- La revalorisation des rémunérations et des primes pour toutes les catégories de personnels (magistrats, greffiers, personnels pénitentiaires).
- La poursuite du plan de modernisation numérique des juridictions pour améliorer les conditions de travail et réduire les délais de traitement des affaires.
Des annonces saluées par les syndicats de magistrats et de fonctionnaires, même si certains pointent que la justice française reste l’une des moins bien dotées d’Europe en termes de budget par habitant.
Des économies sur les investissements immobiliers
Si le ministère de la Justice a réussi à préserver ses crédits de fonctionnement et de masse salariale, il a dû en revanche revoir à la baisse certains investissements. C’est notamment le cas du programme immobilier pénitentiaire, qui prévoyait initialement la construction de 18 000 places de prison supplémentaires d’ici 2027.
Selon une source proche du dossier, le retard pris sur plusieurs chantiers a conduit Bercy à rééchelonner les crédits, sans pour autant remettre en cause l’objectif final. Concrètement, une partie des sommes qui devaient être débloquées en 2025 ont été repoussées aux années suivantes.
Mais pour Didier Migaud, l’essentiel est ailleurs. Avec ces 250 millions supplémentaires, il dispose des moyens nécessaires pour mener à bien les réformes promises et rendre une justice plus efficace et plus proche des citoyens. Reste à transformer l’essai sur le terrain, dans des tribunaux confrontés à une explosion des contentieux et à un manque chronique de bras.
La Justice, éternelle variable d’ajustement budgétaire ?
Si le budget 2025 marque une inflexion, avec une hausse des crédits alloués au ministère de la Justice, certains observateurs s’inquiètent déjà pour les années suivantes. Car dans un contexte de réduction des déficits publics, la tentation est grande pour Bercy de tailler dans les dépenses des ministères.
Un écueil que Didier Migaud entend bien éviter, lui qui a ferraillé pour obtenir des garanties sur la trajectoire budgétaire de son ministère. Selon nos informations, un accord aurait été trouvé avec le ministre de l’Économie pour sanctuariser les crédits de la Justice sur l’ensemble du quinquennat. Une victoire politique pour le garde des Sceaux, qui devra cependant rester vigilant lors des prochains arbitrages.
Car au-delà des effets d’annonce, c’est bien sur la durée que se jugera le bilan de l’action gouvernementale en matière de Justice. Avec l’ambition de redonner aux Français confiance en leur système judiciaire et de garantir à chacun un accès effectif au droit et à un procès équitable dans des délais raisonnables.
Un défi immense qui nécessitera bien plus que quelques rallonges budgétaires ponctuelles, aussi importantes soient-elles. C’est tout un changement de logiciel qu’il faudra opérer pour faire de la Justice une priorité politique de long terme. Didier Migaud en a-t-il les moyens et la volonté ? Les prochains mois nous le diront.