C’est une annonce qui a fait l’effet d’une petite bombe dans le paysage politique américain. Mercredi dernier, Buzz Aldrin, véritable légende vivante et second homme à avoir foulé le sol lunaire, a publiquement affirmé son soutien à Donald Trump pour l’élection présidentielle de 2024. À 94 ans, celui qu’on surnomme parfois le “Poulidor des marcheurs lunaires” n’a rien perdu de sa verve ni de ses rêves de conquête spatiale. Et c’est justement cela qui motive son choix.
Un œil tourné vers Mars
Dans un communiqué relayé par une source proche, Buzz Aldrin explique : “Sous le premier mandat du président Trump, l’Amérique a vu un intérêt revitalisé pour l’espace. Son administration a relancé les efforts nationaux pour retourner sur la Lune, et pousser jusqu’à Mars – des programmes qui se poursuivent aujourd’hui”. En effet, c’est bien Donald Trump qui est à l’origine de l’ambitieux programme Artémis, visant à ramener des astronautes américains sur la Lune d’ici 2024. Un premier pas avant le grand saut vers la planète rouge, horizon ultime pour le vétéran de la Nasa.
Apollo 11, une épopée gravée dans l’histoire
Rappelons que Buzz Aldrin fait partie des trois astronautes de la mission Apollo 11, première de l’histoire à avoir posé le pied sur la Lune en 1969. Aux côtés de Neil Armstrong et Michael Collins, il est entré dans la légende de la conquête spatiale. Un exploit qui n’a eu de cesse de nourrir ses ambitions pour l’avenir, même après avoir quitté la Nasa en 1971.
Marcher sur la Lune était un rêve devenu réalité. Mais je n’ai jamais cessé de rêver plus loin, jusqu’à Mars. C’est le prochain grand défi de l’humanité.
Buzz Aldrin, lors d’une conférence en 2015
Un soutien qui divise
Si la prise de position de Buzz Aldrin en faveur de Donald Trump peut surprendre, elle s’inscrit dans une certaine continuité. Déjà en 2017, Michael Collins, le troisième homme d’Apollo 11, avait apporté son soutien au début du mandat de l’ex-président républicain. Mais dans le contexte actuel, à quelques jours d’une élection qui s’annonce plus que jamais polarisante, ce ralliement fait grincer quelques dents.
Du côté des démocrates, on s’étonne qu’une telle figure puisse cautionner un candidat aussi clivant et controversé que Donald Trump. “C’est décevant de voir un héros national s’acoquiner avec un homme qui a piétiné nos valeurs et nos institutions”, déplore un proche de Kamala Harris, la candidate qui fait face à Trump dans la course à la Maison Blanche. Mais l’équipe de campagne trumpiste, elle, se félicite de ce renfort de poids, n’hésitant pas à le utiliser comme caution scientifique et patriotique.
Espace et politique, un mariage complexe
Au-delà des clivages partisans, la sortie de Buzz Aldrin vient rappeler à quel point espace et politique restent étroitement liés. Les grandes aventures spatiales américaines, de Apollo à la Station Spatiale Internationale en passant par les rovers martiens, n’auraient jamais vu le jour sans l’impulsion et le soutien des plus hautes sphères du pouvoir.
Pour les astronautes comme Aldrin, qui ont dédié leur vie à repousser les frontières de l’exploration, soutenir un candidat aux ambitions spatiales affirmées apparaît comme une évidence. Quitte à mettre de côté d’autres considérations politiques. Une position qui ne fait pas consensus, mais qui a le mérite de remettre les enjeux spatiaux au cœur du débat.
Et maintenant, cap sur 2024
Alors que la campagne présidentielle bat son plein, avec son lot de tensions, de rebondissements et de coups d’éclat, Buzz Aldrin, lui, garde les yeux rivés sur les étoiles. Sur Mars, plus précisément, cette planète qui le fait tant rêver et qui pourrait bien devenir, si l’on en croit les plans de la Nasa et les promesses de Donald Trump, le prochain terrain de jeu des astronautes américains.
J’espère vivre assez longtemps pour voir le premier pas de l’Homme sur Mars. Ce serait une immense fierté, un accomplissement encore plus grand que la Lune.
Buzz Aldrin, dans une interview accordée en 2020
Réussir là où tant d’autres ont échoué, porter haut les couleurs de l’Amérique dans la course à l’espace, rallumer la flamme des grandes épopées spatiales… Autant de défis que Buzz Aldrin espère voir relevés par le prochain locataire de la Maison Blanche. Et peu importe son nom, finalement, du moment qu’il partage cette même soif d’ailleurs et d’aventure.
La présidentielle 2024 sera donc aussi, d’une certaine manière, un référendum sur l’avenir spatial des États-Unis. Un enjeu crucial aux yeux de certains, anecdotique pour d’autres, mais qui ne laisse en tout cas personne indifférent. Pas même les héros du passé, qui rêvent encore et toujours d’un futur parmi les étoiles.