Les inondations dévastatrices qui ont frappé l’Espagne ces derniers jours, faisant plus de 150 morts selon un bilan provisoire, illustrent de manière tragique les conséquences désastreuses de la destruction de la nature par l’homme. C’est le message alarmant qu’ont fait passer jeudi des responsables européens depuis Cali en Colombie, où se tient actuellement la 16e Conférence de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique (COP16).
La biodiversité, un rempart contre les catastrophes
Alors que les négociations pour renforcer la protection du vivant sont dans l’impasse à la veille de la clôture du sommet, des voix s’élèvent pour rappeler l’urgence d’agir. « Si nous agissons sur la biodiversité, nous pouvons au moins amortir certains des impacts climatiques », a souligné Florika Fink-Hooijer, directrice générale de l’Environnement à la Commission européenne, lors d’une conférence de presse.
En effet, l’imperméabilisation des sols et la destruction des zones humides aggravent l’ampleur et la fréquence des inondations, elles-mêmes exacerbées par le changement climatique. Ces catastrophes naturelles ont à leur tour un impact dévastateur sur les forêts, alliées précieuses de l’humanité dans la lutte contre le réchauffement planétaire. Un cercle vicieux qui ne peut être brisé qu’en préservant les écosystèmes.
« Des écosystèmes sains seront tellement importants pour amortir et contrer l’impact du changement climatique. À cette COP, nous avons une chance d’agir. »
– Florika Fink-Hooijer, directrice générale Environnement de la Commission européenne
L’Europe solidaire de l’Espagne endeuillée
Cesar Luena, eurodéputé espagnol présent au sommet, a remercié les délégués « pour toutes les manifestations de solidarité lors de ce sommet », alors que son pays est meurtri par ces inondations d’une violence inouïe. Un drame qui rappelle la nécessité de renforcer les efforts mondiaux pour appliquer l’accord de Kunming-Montréal.
Adopté il y a deux ans, ce plan d’action ambitieux fixe 23 objectifs à atteindre d’ici 2030 pour enrayer la crise de la biodiversité, menacée par la déforestation, la surexploitation, le changement climatique… Il prévoit notamment de porter à 200 milliards de dollars par an les dépenses mondiales en faveur de la nature, dont 30 milliards provenant des pays développés.
Un fonds dédié à la biodiversité, pomme de discorde
Mais à la COP16, les discussions achoppent justement sur les modalités de mobilisation et de distribution de ces fonds. Les pays en développement réclament la création d’un nouveau mécanisme financier, qu’ils jugent plus équitable et respectueux de leurs droits que les dispositifs actuels comme le Fonds mondial pour l’environnement (FEM).
Une proposition rejetée par les pays riches, au premier rang desquels l’Union européenne, qui craignent un éparpillement contre-productif de l’aide internationale. Ils préfèrent miser sur une contribution accrue du secteur privé et des pays émergents. Des divergences qui menacent l’issue de ce sommet crucial pour l’avenir de la planète.
Conclusion : Un rappel brutal des enjeux
Le lourd tribut payé par l’Espagne met en lumière les conséquences dramatiques de l’inaction face à l’effondrement du vivant. Un électrochoc peut-être salutaire, alors que la communauté internationale peine à s’accorder sur les moyens d’enrayer cette spirale mortifère. Car comme le rappelle Florika Fink-Hooijer, « à cette COP, nous avons une chance d’agir ». Une chance à saisir de toute urgence, avant qu’il ne soit trop tard.