Les efforts diplomatiques s’intensifient pour tenter de mettre un terme au conflit qui oppose Israël et le Hezbollah libanais depuis plus d’un mois. Lors d’une conférence de presse ce jeudi, le Secrétaire d’État américain Antony Blinken s’est montré prudemment optimiste, évoquant de “bons progrès” dans les discussions en cours en vue d’un éventuel cessez-le-feu.
Un plan de paix en plusieurs points
Selon des sources proches du dossier, les États-Unis travaillent d’arrache-pied pour parvenir à un accord qui inclurait plusieurs volets :
- Le retrait du Hezbollah, soutenu par l’Iran, de la zone frontalière avec Israël au sud du Liban
- Le retrait simultané de l’armée israélienne de cette même région
- Le transfert du contrôle de la zone aux casques bleus de l’ONU et à l’armée libanaise
- L’engagement du Liban à empêcher le réarmement du Hezbollah via des importations d’armes
- Le maintien pour Israël du droit de se défendre dans le respect du droit international
Le rôle clé des émissaires américains
Pour faire avancer ce plan, Washington a dépêché sur place deux émissaires de haut rang, Amos Hochstein et Brett McGurk. Ceux-ci ont rencontré jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Jérusalem, avec l’objectif affiché de trouver une issue au conflit.
Malgré leur soutien militaire à Israël, les États-Unis n’ont jusqu’à présent pas exigé de cessez-le-feu immédiat, se contentant d’appuyer les frappes israéliennes contre le Hezbollah tout en se disant préoccupés par le sort des populations civiles.
Un appel au respect de la résolution de l’ONU
Antony Blinken a néanmoins réitéré son appel à l’application intégrale de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies. Celle-ci, adoptée en 2006 à l’issue de la dernière guerre israélo-libanaise, stipule que seuls les casques bleus de l’ONU et l’armée régulière libanaise sont autorisés à opérer dans le sud du Liban.
Nous avons encore du travail à faire, mais nous avons bon espoir que les choses évoluent au Liban dans un avenir pas trop lointain.
Lloyd Austin, ministre américain de la Défense
Des obstacles persistent
Si les déclarations américaines laissent entrevoir une lueur d’espoir, de nombreux points d’achoppement subsistent. La question du désarmement du Hezbollah, exigé par Israël et la communauté internationale mais refusé par le mouvement chiite, reste notamment en suspens.
De même, un accord sur le tracé précis de la frontière entre les deux pays, sujet de tensions récurrentes, apparaît comme un préalable indispensable à toute désescalade durable. Les prochains jours diront si la diplomatie américaine parvient à surmonter ces obstacles pour rapprocher les positions a priori inconciliables des belligérants.
Au-delà du sort des armes du Hezbollah, c’est aussi la place et l’influence de ce dernier sur l’échiquier politique libanais qui soulève des interrogations. Tout accord de cessez-le-feu devra trouver un équilibre entre les intérêts sécuritaires d’Israël et la souveraineté du Liban, un exercice diplomatique des plus périlleux.
L’urgence d’une solution politique
Malgré ces écueils, l’urgence d’une sortie de crise se fait chaque jour plus pressante. Le bilan humain ne cesse de s’alourdir, avec son lot de victimes civiles, tandis que les dégâts matériels plongent le Liban, déjà en proie à une crise économique et sociale majeure, dans une situation toujours plus précaire.
Les enjeux dépassent largement le cadre israélo-libanais. La stabilité déjà fragile de tout le Moyen-Orient est menacée par ce énième foyer de tensions, sur fond de rivalité régionale entre l’Iran et les monarchies du Golfe.
Face à ce contexte explosif, la responsabilité de la communauté internationale est immense. Au-delà d’un cessez-le-feu, aussi crucial soit-il, c’est une solution politique pérenne qu’il s’agit de bâtir. Un chemin semé d’embûches, mais que les efforts diplomatiques en cours laissent espérer possible. Les prochaines semaines seront décisives.