Les pluies diluviennes qui se sont abattues sur l’Espagne récemment ont semé le chaos et la dévastation. Face à l’ampleur de ces inondations extrêmes, de nombreuses voix s’élèvent pour pointer du doigt le changement climatique. Mais qu’en disent réellement les scientifiques ? Une première analyse vient apporter des éléments de réponse aussi édifiants qu’alarmants.
Des pluies 12% plus intenses dans un climat réchauffé
Selon les estimations des experts du World Weather Attribution (WWA), un réseau scientifique faisant autorité sur le sujet, les précipitations qui ont frappé l’Espagne auraient été 12% plus importantes que dans un climat non affecté par le réchauffement d’origine humaine. Autrement dit, le changement climatique aurait exacerbé l’intensité de ces pluies de plus d’un dixième.
Les scientifiques soulignent cependant le caractère préliminaire de cette évaluation, réalisée très peu de temps après l’événement météorologique extrême. Des analyses plus poussées, impliquant notamment des simulations climatiques avec et sans influence humaine, restent à mener pour affiner ces premiers résultats.
Une probabilité d’occurrence doublée
Au-delà de l’intensité, c’est aussi la fréquence de tels épisodes de pluies diluviennes qui interpelle. D’après les calculs du WWA, la probabilité d’observer des précipitations aussi extrêmes en Espagne aurait été multipliée par deux dans un climat réchauffé par rapport à l’ère pré-industrielle.
« Le changement climatique est l’explication la plus probable » pour expliquer la violence de ces intempéries, estiment les scientifiques.
En cause : une atmosphère plus chaude, capable de contenir davantage d’humidité. Or, il a été démontré que chaque degré de réchauffement entraîne une hausse d’environ 7% de la vapeur d’eau atmosphérique. Des conditions propices à des averses plus abondantes et plus intenses.
Un signal d’alarme à prendre au sérieux
Même si des incertitudes subsistent, ce premier diagnostic du WWA vient corroborer les tendances mises en évidence par les rapports du GIEC. Les experts climat de l’ONU anticipent en effet une aggravation des précipitations extrêmes à l’échelle planétaire à mesure que les températures grimpent.
Dans le cas de l’épisode espagnol, un paramètre additionnel a pu jouer un rôle amplificateur : des eaux anormalement chaudes dans l’Atlantique, elles aussi favorisées par le changement climatique, ayant fourni un supplément d’humidité à l’atmosphère.
Au-delà du drame humain, ces inondations rappellent avec force l’urgence de s’attaquer aux racines du problème. Seule une réduction rapide et massive des émissions de gaz à effet de serre pourrait limiter la multiplication et l’intensification de tels désastres aux quatre coins de la planète.
Les leçons à tirer pour l’avenir
Face à cette menace climatique de plus en plus pressante, il est vital de renforcer la résilience de nos sociétés. Cela passe par une meilleure prévention des risques, une gestion plus efficace des crises, mais aussi des politiques d’aménagement du territoire prenant mieux en compte les aléas météo.
L’autre grand défi sera celui de la solidarité et de la coopération internationale. Car face aux dérèglements climatiques, aucun pays n’est à l’abri. Seule une réponse coordonnée et ambitieuse à l’échelle mondiale pourra nous permettre de relever ce défi existentiel pour l’humanité.
Les inondations dévastatrices en Espagne sont donc un nouveau signal d’alarme. Il est plus que temps de passer à l’action pour éviter le pire et construire un avenir plus sûr et durable pour tous. La science a parlé, à nous d’en tirer les leçons.