C’est l’heure du verdict chez les Tories. Depuis jeudi 17h00, les membres du parti conservateur britannique ne peuvent plus voter pour départager les deux finalistes en lice pour succéder à Rishi Sunak. Qui de Kemi Badenoch, candidate “anti-woke”, ou de Robert Jenrick, “fan de Thatcher”, deviendra le prochain dirigeant de l’opposition ?
Un parti divisé et affaibli
Cette élection intervient dans un contexte difficile pour les conservateurs. Minés par les divisions internes et la fuite de leurs électeurs vers le parti d’extrême droite Reform UK, ils peinent à se relever de leur défaite historique subie en juillet dernier. Le vainqueur, qui sera connu samedi, aura la lourde tâche de redresser la barre en tant que nouveau chef de l’opposition face au travailliste Keir Starmer.
Kemi Badenoch, la candidate “anti-woke”
À 44 ans, Kemi Badenoch incarne un retour aux valeurs conservatrices traditionnelles. Cette ingénieure née au Royaume-Uni de parents nigérians n’hésite pas à fustiger le virage “libéral” pris par son parti sur les questions de société. Fermement opposée à l’immigration, qu’elle juge néfaste pour le pays, elle s’était déjà présentée pour diriger le parti en 2022, se hissant à une prometteuse 4ème place malgré sa faible notoriété.
Robert Jenrick, sur les traces de Thatcher
Face à elle, Robert Jenrick, 42 ans, appelle à bâtir un “nouveau parti conservateur” sur le modèle des réformes engagées par Margaret Thatcher dans les années 70. Cet ancien avocat d’affaires, député depuis 2014, est un fervent admirateur de la “Dame de fer”, au point d’avoir donné son nom à sa fille en deuxième prénom. En décembre dernier, jugeant le projet d’expulsion des migrants vers le Rwanda pas assez ambitieux, il avait démissionné de son poste de secrétaire d’État à l’immigration.
Contrer les critiques de l’Empire britannique
Cette semaine, suite à un sommet du Commonwealth marqué par un appel à ouvrir le dossier des réparations pour l’esclavage, Robert Jenrick a vertement réagi dans une tribune au Daily Mail, qualifiant toute remise en cause de l’empire colonial britannique d'”antipatriotisme”. Un positionnement en phase avec Kemi Badenoch qui ne cache pas non plus son aversion pour les idées “woke”, ces courants progressistes mettant en avant les inégalités raciales.
Un duel très à droite
C’est donc un duel sans concession qui attend les conservateurs, avec deux candidats aux profils certes différents mais revendiquant tout deux un ancrage très à droite. Pur produit du sérail ou outsider venue bousculer la vieille garde, qui saura le mieux parler à la base militante des Tories ? Réponse samedi avec l’annonce très attendue des résultats de ce scrutin à haut risque pour l’avenir du parti.