C’est un petit séisme dans la circulation parisienne qui s’annonce. Dès lundi prochain, la très attendue zone à trafic limité (ZTL) entrera en vigueur dans l’hypercentre de la capitale. Fini le transit automobile dans les quatre premiers arrondissements, seuls certains véhicules triés sur le volet seront autorisés à y circuler. Un dispositif ambitieux, mais qui soulève aussi des inquiétudes. Qui sera concerné ? Comment cela va-t-il se passer ? On fait le point sur cette mesure phare de la mairie de Paris.
Le cœur de Paris bientôt interdit aux voitures de passage
Après des mois de tractations, le projet est désormais acté. La mairie de Paris, main dans la main avec la préfecture de police, a publié ce jeudi l’arrêté instaurant une zone à trafic limité dans le centre de la ville. Concrètement, dans un périmètre de 5,5 km2 englobant le 1er, 2ème, 3ème et 4ème arrondissements, la circulation sera interdite aux véhicules ne faisant que traverser, à compter du lundi 4 novembre.
L’objectif affiché par la municipalité est clair : réduire la place de la voiture au profit des transports en commun, du vélo et de la marche à pied. Une manière de « libérer de l’espace public » monopolisé par l’automobile et d’améliorer la qualité de l’air en diminuant la pollution. Un choix fort, dans la lignée de ce qu’ont déjà mis en place d’autres grandes villes européennes comme Madrid, Milan ou Rome dans leurs quartiers centraux.
Un accès restreint, des exceptions et des contrôles
Si vous avez l’habitude de traverser Paris de part en part en voiture, il va falloir revoir vos plans. La ZTL ne sera plus autorisée qu’à une poignée de véhicules :
- Les véhicules de secours et les bus
- Les taxis et VTC
- Les personnes à mobilité réduite
- Les résidents du périmètre
- Les professionnels y travaillant
En clair, il faudra avoir une bonne raison de vous rendre dans la zone pour pouvoir y accéder et vous y garer. La mairie a donné quelques exemples de motifs valables : habiter dans le secteur, y travailler, faire des livraisons, avoir un rendez-vous médical, faire des courses, se rendre dans un lieu culturel, voir des amis. Tout déplacement qui a son point de départ ou d’arrivée dans la ZTL sera donc toléré.
Pour s’assurer que les règles seront respectées, un système de contrôle sera progressivement mis en place. Il reposera sur un dispositif de cartes pour les résidents et d’auto-déclaration en ligne pour les visiteurs. Mais dans un premier temps, la mairie mise sur « une phase de pédagogie », avant de passer à la verbalisation.
Des réactions contrastées face à cette « révolution »
Pour David Belliard, adjoint EELV en charge de la transformation de l’espace public, pas de doute, cette ZTL « va améliorer le quotidien des 110 000 personnes qui vivent dans l’hypercentre ». La mairie s’attend en effet à une diminution « substantielle » du trafic, et donc du bruit et de la pollution, dans les grands axes habituellement embouteillés.
Mais certains, dans l’opposition municipale, sont plus sceptiques et redoutent que la mesure ne « mette en péril le dynamisme commercial et culturel » de ce cœur historique de Paris. C’est notamment l’avis de Maud Gatel, cheffe de file du MoDem, pour qui « le message sous-jacent, c’est ‘ne venez plus’ ». Elle pointe aussi la difficulté qu’il y aura, en pratique, à contrôler les entrées et sorties du périmètre.
Il faudra sans doute un peu de temps pour que les habitudes évoluent et que chacun trouve sa place dans cette nouvelle configuration. Une chose est sûre, Paris est en train d’écrire une nouvelle page de l’histoire de sa mobilité. Les quatre premiers arrondissements, poumon historique et culturel de la ville, seront les premiers à tester grandeur nature la ville de demain. Une ville où la voiture ne sera plus reine, mais une simple invitée.