Un nouveau rebondissement dans le dossier sensible des migrants à Lisieux. Dans la nuit du 29 au 30 octobre, une trentaine d’exilés, adultes et mineurs, ont dû quitter en urgence l’ancien couvent des Sœurs de la Providence qu’ils occupaient illégalement depuis le 5 octobre. Selon la préfecture du Calvados, le propriétaire du bâtiment a engagé une procédure administrative d’évacuation forcée sur le fondement de la loi « Kasbarian ».
Un coup d’avance pour les associations
Mais le collectif lexovien de défense des personnes privées de droits, à l’origine de l’installation des migrants dans le couvent, avait un coup d’avance. Misant initialement sur l’appartenance de l’édifice au diocèse et sa charité chrétienne, les associatifs ont déchanté en apprenant sa vente à un promoteur immobilier en décembre dernier. Prévenue de l’expulsion imminente, l’organisation pro-migrants a alors organisé dans la nuit le transfert du groupe vers un nouveau point de chute.
Le déménagement nocturne
Selon une source proche du dossier, plus d’une vingtaine de bénévoles se sont mobilisés pour aider au déménagement. Couvertures, vêtements, ustensiles de cuisine… L’essentiel des maigres possessions des exilés a ainsi pu être transporté en quelques heures vers leur nouveau refuge : l’ancienne maison de retraite d’une commune du pays d’Auge, vide depuis plusieurs mois.
On a réussi à caser tout le monde, familles comme jeunes isolés. Ça nous a pris une bonne partie de la nuit, mais au moins ils ont un toit sur la tête.
Un membre du collectif
Course contre la montre avant l’hiver
Pour les associations, il s’agissait de mettre les migrants à l’abri avant le début de la trêve hivernale, période durant laquelle les expulsions sont suspendues. « On sait que ça ne durera qu’un temps, mais au moins pendant la basse saison ils seront au chaud et en sécurité », confie un autre bénévole. De fait, à seulement 48h de la trêve, il apparaît peu probable que ce nouveau squat soit évacué dans l’immédiat.
Quel avenir pour les occupants ?
Reste à savoir ce qu’il adviendra des migrants à plus long terme. Si certains ont entamé des démarches pour régulariser leur situation, d’autres sont toujours dans l’attente d’un hypothétique statut. Et avec la crise du logement qui frappe de plein fouet le pays d’Auge, leurs perspectives de relogement pérenne semblent bien minces.
Pour l’heure, les pouvoirs publics restent mutiques sur le dossier. Ni la préfecture, ni la mairie de Lisieux n’ont souhaité commenter ce nouveau développement. Quant au propriétaire de l’ancienne maison de retraite, il ne s’est pas encore manifesté. Mais au vu des précédents dans la région, il y a fort à parier que ce jeu du chat et de la souris entre associations et propriétaires n’en est qu’à ses débuts.