La scène politique turque est sous haute tension cette semaine alors qu’une vague de contestation déferle suite à l’arrestation et au remplacement d’un élu local. Les accusations de terrorisme brandies par les autorités ont fait descendre l’opposition dans la rue, déterminée à faire entendre sa voix.
Mobilisation Massive à Istanbul
C’est dans le plus grand arrondissement d’Istanbul, Esenyurt et ses près d’un million d’habitants, que le ton est monté d’un cran. Les deux fers de lance de l’opposition parlementaire, le CHP (centre-gauche) et le DEM (ex-HDP prokurde), ont donné rendez-vous à leurs partisans devant la mairie pour dénoncer ce qu’ils qualifient d'”arrestation sans fondement” du maire CHP la veille.
Face à l’important déploiement policier qui quadrillait le secteur dès l’aube, les organisateurs ont dû se replier sur une place voisine. Mais cela n’a pas entamé la détermination des manifestants, venus en nombre brandir drapeaux turcs et pancartes de soutien: “Ahmet Özer tu n’es pas seul !”.
Le Spectre du Terrorisme
Élu en mars dernier, Ahmet Özer, universitaire reconnu proche du maire CHP d’Istanbul, est accusé par le ministère de l’Intérieur d’être “membre de l’organisation terroriste armée PKK”. Sur cette base, il a été suspendu de ses fonctions et remplacé par un fonctionnaire nommé par le gouverneur d’Istanbul.
Je n’ai aucune relation avec quelque organisation que ce soit, je démens absolument.
Ahmet Özer, devant la justice selon une source proche du dossier
Le PKK, Parti des travailleurs du Kurdistan, est considéré comme une organisation terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux. Le conflit qui l’oppose aux autorités turques depuis le milieu des années 80 a fait des milliers de victimes.
Une Arrestation Musclée qui Passe Mal
Au-delà du fond de l’affaire, ce sont aussi les circonstances de l’arrestation qui suscitent l’indignation. Le domicile de l’élu a été investi à 5h30 du matin par la police, un dispositif jugé totalement disproportionné par ses soutiens.
La décision et les circonstances de l’arrestation de M. Özer soulève de graves inquiétudes. Était-ce bien nécessaire ?
Mansour Yavas, maire d’Ankara et figure du CHP
Le chef du CHP dénonce quant à lui des accusations basées uniquement sur un livre écrit il y a des années par Ahmet Özer. Il promet de réagir de la “manière la plus ferme”.
Une Pratique Controversée
Le recours aux “maires de substitution” ou kayyum est une pratique qui a particulièrement ciblé jusqu’ici les élus prokurdes dans le sud-est du pays. Des milliers de responsables du HDP/DEM ont ainsi été arrêtés, dont l’ex-leader Selahattin Demirtas condamné en mai à 42 ans de prison pour “terrorisme”.
Mais la suspension d’Ahmet Özer marque une escalade, visant cette fois le CHP, principale force d’opposition au niveau national. Elle intervient quelques mois seulement après sa victoire aux municipales, dans un contexte de recul du parti au pouvoir.
Tensions et Contradictions
Autre sujet d’incompréhension pour l’opposition : la main tendue quasi simultanée du président Erdogan aux “frères kurdes”, laissant entrevoir des discussions avec le PKK et une possible libération de son chef historique Abdullah Öcalan. Certains y voient un double jeu destiné à diviser pour mieux régner.
Une chose est sûre : le durcissement du pouvoir envers les maires anti-Erdogan promet de nouvelles étincelles dans le paysage politique turc. L’épreuve de force ne fait peut-être que commencer entre un gouvernement déterminé à verrouiller le jeu et une opposition qui refuse de se laisser museler. Les regards se tournent désormais vers les prochaines échéances électorales.
Élu en mars dernier, Ahmet Özer, universitaire reconnu proche du maire CHP d’Istanbul, est accusé par le ministère de l’Intérieur d’être “membre de l’organisation terroriste armée PKK”. Sur cette base, il a été suspendu de ses fonctions et remplacé par un fonctionnaire nommé par le gouverneur d’Istanbul.
Je n’ai aucune relation avec quelque organisation que ce soit, je démens absolument.
Ahmet Özer, devant la justice selon une source proche du dossier
Le PKK, Parti des travailleurs du Kurdistan, est considéré comme une organisation terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux. Le conflit qui l’oppose aux autorités turques depuis le milieu des années 80 a fait des milliers de victimes.
Une Arrestation Musclée qui Passe Mal
Au-delà du fond de l’affaire, ce sont aussi les circonstances de l’arrestation qui suscitent l’indignation. Le domicile de l’élu a été investi à 5h30 du matin par la police, un dispositif jugé totalement disproportionné par ses soutiens.
La décision et les circonstances de l’arrestation de M. Özer soulève de graves inquiétudes. Était-ce bien nécessaire ?
Mansour Yavas, maire d’Ankara et figure du CHP
Le chef du CHP dénonce quant à lui des accusations basées uniquement sur un livre écrit il y a des années par Ahmet Özer. Il promet de réagir de la “manière la plus ferme”.
Une Pratique Controversée
Le recours aux “maires de substitution” ou kayyum est une pratique qui a particulièrement ciblé jusqu’ici les élus prokurdes dans le sud-est du pays. Des milliers de responsables du HDP/DEM ont ainsi été arrêtés, dont l’ex-leader Selahattin Demirtas condamné en mai à 42 ans de prison pour “terrorisme”.
Mais la suspension d’Ahmet Özer marque une escalade, visant cette fois le CHP, principale force d’opposition au niveau national. Elle intervient quelques mois seulement après sa victoire aux municipales, dans un contexte de recul du parti au pouvoir.
Tensions et Contradictions
Autre sujet d’incompréhension pour l’opposition : la main tendue quasi simultanée du président Erdogan aux “frères kurdes”, laissant entrevoir des discussions avec le PKK et une possible libération de son chef historique Abdullah Öcalan. Certains y voient un double jeu destiné à diviser pour mieux régner.
Une chose est sûre : le durcissement du pouvoir envers les maires anti-Erdogan promet de nouvelles étincelles dans le paysage politique turc. L’épreuve de force ne fait peut-être que commencer entre un gouvernement déterminé à verrouiller le jeu et une opposition qui refuse de se laisser museler. Les regards se tournent désormais vers les prochaines échéances électorales.