Le parquet fédéral allemand a requis le renvoi devant les tribunaux d’un homme germano-russe, soupçonné d’avoir fomenté un projet d’attentat en Allemagne et d’avoir été membre d’une milice séparatiste prorusse active dans l’est de l’Ukraine. Cette affaire, qui avait suscité un vif émoi outre-Rhin lors de l’interpellation du suspect en avril dernier, soulève des inquiétudes quant aux risques d’actes de sabotage visant des installations militaires allemandes.
Un projet d’attentat et un passé au sein d’une milice prorusse
Arrêté le 17 avril en compagnie d’un autre individu germano-russe, l’homme, identifié comme Dieter S., est accusé par le parquet fédéral de Karlsruhe de “préparation d’un acte de violence grave menaçant la sûreté de l’État”. Si les détails sur le plan présumé restent confidentiels, la presse allemande a rapporté que les suspects auraient eu pour cible une base de l’armée américaine dans le sud de l’Allemagne, où sont formés des soldats ukrainiens.
Au-delà de ces soupçons de velléités terroristes, le parquet a également mis en cause le passé de Dieter S. au sein d’un groupe armé séparatiste prorusse actif dans l’est de l’Ukraine entre décembre 2014 et août 2016. Selon l’accusation, le suspect aurait combattu dans les rangs de la milice de la soi-disant “République populaire de Donetsk”, une entité autoproclamée soutenue par Moscou, qui s’est livrée à des violences régulières contre les populations civiles.
Des combats acharnés à l’aéroport de Donetsk et à Marinka
Le parquet a précisé que Dieter S. avait pris part à des affrontements contre l’armée ukrainienne, notamment lors de la bataille de l’aéroport de Donetsk durant l’hiver 2014-2015, ainsi qu’à Marinka en juin 2015. Ces combats figurent parmi les plus intenses et meurtriers qui ont eu lieu depuis le début du conflit dans le Donbass ukrainien en 2014.
L’Allemagne sur le qui-vive face aux menaces
Cible de choix en raison de son soutien appuyé à l’Ukraine, à qui elle fournit une assistance militaire conséquente, l’Allemagne est en état d’alerte face aux risques de sabotage et d’attaques visant ses infrastructures militaires. Plusieurs bases de l’ouest du pays, dont certaines utilisées par l’OTAN, ont ainsi connu de brèves alertes de sécurité au mois d’août.
L’interpellation en avril des deux germano-russes accusés d’avoir voulu perpétrer des actes de sabotage au profit de la Russie avait d’ailleurs conduit à la convocation de l’ambassadeur russe à Berlin. Des accusations balayées par Moscou, qui les avait qualifiées d'”absurdes”.
D’autres enquêtes en cours sur des activités d’espionnage
Outre le projet d’attentat, le parquet fédéral a indiqué qu’une enquête distincte était menée concernant de potentielles activités d’espionnage de la part de Dieter S. Des investigations qui devraient aboutir “prochainement”, a-t-il précisé, sans plus de détails à ce stade.
Cette affaire met en lumière les défis sécuritaires auxquels est confrontée l’Allemagne, prise pour cible en raison de son engagement aux côtés de l’Ukraine. Elle souligne également la porosité entre certains milieux germano-russes et les réseaux séparatistes prorusses, actifs militairement dans l’est ukrainien depuis bientôt une décennie. Un dossier épineux que les autorités allemandes entendent traiter avec la plus grande fermeté.