Ce mercredi 30 octobre à Melbourne, le concert du groupe solo de Thom Yorke, leader emblématique de Radiohead, a pris une tournure inattendue. Alors qu’il entamait le tube “Karma Police”, le chanteur britannique de 56 ans s’est soudainement interrompu, interpellé par un spectateur qui lui reprochait son silence face aux milliers de morts à Gaza depuis la riposte israélienne du 7 octobre. Un échange musclé s’en est suivi, ravivant les polémiques récurrentes autour de l’engagement du groupe.
“Monte ici pour le dire !” : Yorke perd son sang-froid
Sur plusieurs vidéos circulant sur les réseaux sociaux, on peut voir et entendre le rockeur répondre de manière cinglante au spectateur pro-palestinien : “Monte ici pour le dire, ici ! Monte sur la put… de scène et dis ce que tu as à dire. Mais ne reste pas planté là comme un lâche”, s’emporte l’artiste, qui n’obtient visiblement pas de réponse. “Tu veux pourrir la soirée de tout le monde ? Allez ! Ok, tu as réussi. On se voit plus tard”, lâche-t-il avant de retirer sa guitare et de quitter la scène.
Quelques minutes plus tard, Thom Yorke reviendra terminer la chanson, puis le concert, sous les cris étonnés du public. D’après une source proche, le spectateur à l’origine de l’incident aurait été évacué entre temps par le service d’ordre. Contacté par la presse locale, le management de l’artiste n’a pas souhaité réagir dans l’immédiat.
Radiohead, cible récurrente des activistes pro-palestiniens
Cet éclat n’est en réalité qu’une demi-surprise au regard des polémiques récentes visant Radiohead et ses membres. En mai dernier, le guitariste Jonny Greenwood avait été dénoncé par des activistes après avoir rejoint sur scène le rockeur israélien Dudu Tassa à Tel Aviv. Il avait alors expliqué que les deux hommes avaient interprété des chansons d’amour en arabe issues d’un album commun, dans un message de rapprochement entre les peuples.
Mais la polémique la plus vive remonte à 2017, lorsque Radiohead avait donné un concert sold-out en plein air à Tel Aviv, bravant une lettre ouverte d’artistes britanniques qui les appelaient à y renoncer, parmi lesquels Roger Waters de Pink Floyd ou Ken Loach. Thom Yorke leur avait répondu :
Jouer dans un pays n’est pas la même chose que soutenir son gouvernement. Nous ne soutenons pas plus Nétanyahou que Trump.
Un leader ombrageux, un groupe mutique sur le conflit
Si Thom Yorke et Jonny Greenwood viennent de publier Cutouts, le troisième album de leur projet The Smile, ils se refusent, contrairement à nombre d’artistes anglo-saxons, à commenter la situation au Proche-Orient durant leur promotion. La semaine dernière, l’ombrageux chanteur a même douché les espoirs de fans suggérant un retour de Radiohead, lançant au média australien Radio J : “Je ne suis pas au courant et je m’en fous complètement”.
Avec cet incident à Melbourne, les membres du groupe culte devront une nouvelle fois composer avec leur statut de cible privilégiée des activistes pro-palestiniens. Un rôle inconfortable qu’ils endossent, bon gré mal gré, depuis leur prestation controversée de 2017 en Israël. S’ils s’ingénient à rester mutiques sur le conflit qui embrase la région, l’actualité rattrape Radiohead à chacune de leurs apparitions. Et la colère de Thom Yorke, mercredi soir, témoigne de la difficulté à concilier rock et politique au Moyen-Orient.