Dans l’air froid et gris de Marcoussis, un symbole fort est passé inaperçu aux yeux de beaucoup. Charles Ollivon, capitaine emblématique du XV de France, portait bien son habituel numéro 7 à l’entraînement. Mais cette fois, sur la chasuble des remplaçants. Une image qui en dit long sur le déclassement soudain du troisième ligne toulonnais, à quelques jours du test match contre le Japon.
Le leadership en question
Propulsé capitaine par Fabien Galthié dès ses débuts à la tête des Bleus en 2020, Charles Ollivon incarnait le renouveau et les ambitions d’une équipe en reconstruction. Avec 27 sélections dont 20 comme capitaine, il s’est imposé comme un cadre incontournable du groupe France, par ses qualités de combattant sur le terrain comme par sa maturité en dehors.
Mais sa position de titulaire et de leader semble aujourd’hui remise en cause. Son début de saison en demi-teinte avec Toulon, marqué par une blessure à une épaule, soulève des interrogations sur sa forme du moment. Surtout, la concurrence s’annonce rude en troisième ligne, où de jeunes talents comme Cameron Woki, Sekou Macalou ou Alexandre Roumat frappent à la porte.
Déception et incompréhension
“C’est une grosse surprise, tout le monde pensait qu’il allait jouer contre le Japon. Son éviction du XV de départ est dure à comprendre”, confie un proche du joueur sous couvert d’anonymat. À 31 ans, Charles Ollivon n’a pas l’habitude d’être remplaçant et vit mal cette situation inattendue.
Côté staff, on assure que son statut n’est pas menacé à long terme et qu’il s’agit surtout de gérer son temps de jeu après son pépin physique. “Le poste de capitaine n’est pas à remettre en cause à chaque match. Charles reste un élément central du projet”, affirme un proche du staff tricolore. Une façon de dédramatiser l’évènement et de maintenir la confiance.
Un message fort en vue du Mondial
Au-delà du cas Ollivon, cette décision s’inscrit dans une stratégie globale de préparation en vue du Coupe du Monde 2027 en Australie. À trois ans de l’échéance, l’encadrement des Bleus souhaite mettre en place une forme de rotation et de concurrence à tous les postes.
Avec le réservoir de joueurs que l’on a, on doit pouvoir faire tourner tout en conservant un niveau de performance élevé.
Un membre du staff des Bleus
Une manière aussi d’envoyer un message clair au groupe : personne n’a de place acquise, même les cadres historiques. Dans un effectif riche en talents, chacun doit se battre pour mériter sa sélection. Un management exigeant mais jugé nécessaire par Fabien Galthié pour maintenir tout le monde sous pression et éviter tout relâchement.
Rebondir pour mieux revenir
Écarté contre le Japon, Charles Ollivon aura à cœur de prouver qu’il mérite toujours sa place chez les Bleus. D’ici au prochain Tournoi des 6 Nations, il aura l’occasion de se relancer avec Toulon pour revenir en force en sélection. Son expérience du haut niveau et sa combativité plaident en sa faveur.
À moyen terme, il pourrait aussi être amené à redéfinir son rôle au sein du XV de France. Capitaine charismatique, il gagnerait peut-être à se recentrer sur le terrain et à partager le leadership avec d’autres cadres comme Antoine Dupont ou Gaël Fickou. Une évolution naturelle appelée à se renforcer d’ici 2027.
Si sa mise à l’écart soudaine contre le Japon fait figure d’électrochoc, Charles Ollivon a les ressources mentales et rugbystiques pour rebondir. Une nouvelle étape dans une carrière déjà riche en défis surmontés. Au capitaine courageux de prouver qu’il en a encore sous la semelle, pour continuer à porter haut les couleurs du XV de France.