Les élections législatives en Géorgie ont été marquées par la controverse, l’opposition dénonçant un scrutin « volé ». Cependant, un recomptage partiel des votes vient de confirmer la victoire du parti au pouvoir, le Rêve géorgien, qui dirige le pays depuis 2012.
Selon la commission électorale, le nouveau décompte de quelque 12% des bureaux de vote et 14% des bulletins « n’a pas entraîné de modification significative des résultats officiels précédemment annoncés ». Seuls de très légers changements ont été constatés dans environ 9% des bureaux recomptés.
Une victoire qui ne convainc pas l’opposition
Malgré ce recomptage, l’opposition persiste à ne pas reconnaître les résultats du scrutin législatif de samedi dernier. La présidente Salomé Zourabichvili elle-même, pourtant issue du Rêve géorgien mais en rupture avec le gouvernement, a dénoncé un système « sophistiqué » de fraudes pendant ces élections.
Convoquée par le parquet dans le cadre d’une investigation sur cette « falsification présumée », la cheffe de l’État a annoncé mercredi qu’elle refusait de s’y rendre. Une prise de position forte qui illustre les vives tensions autour de ce scrutin.
Des irrégularités constatées par les observateurs internationaux
Les accusations de l’opposition ne sont pas sans fondement. En effet, les observateurs internationaux dépêchés pour surveiller le bon déroulement des élections ont eux aussi relevé des irrégularités. L’Union européenne a d’ailleurs appelé à une enquête sur ces allégations de fraudes.
L’UE demande une enquête sur les allégations de fraudes pendant les législatives en Géorgie.
D’après une source diplomatique européenne
Un test pour l’avenir européen de la Géorgie
Au-delà des enjeux de politique intérieure, ces élections revêtaient une importance particulière car elles étaient considérées comme un test pour l’avenir européen de la Géorgie. Le pays du Caucase ambitionne en effet de rejoindre un jour l’Union européenne et l’OTAN.
Si le Rêve géorgien assure poursuivre ces objectifs, il est cependant accusé de dérive autoritaire. Certains craignent même qu’il ne cherche à jeter la Géorgie dans les bras de Moscou, malgré les affirmations contraires du parti au pouvoir.
Des tensions persistantes avec la Russie
Il faut dire que les relations entre la Géorgie et la Russie restent très tendues depuis la brève guerre qui les a opposées en 2008. Un conflit au cours duquel l’armée russe avait envahi le territoire géorgien, un épisode marquant pour le pays.
Aujourd’hui encore, Moscou maintient des bases militaires dans deux régions séparatistes géorgiennes, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, dont elle a reconnu l’indépendance. Une situation qui hypothèque sérieusement les perspectives d’intégration euro-atlantique de la Géorgie.
Le gouvernement géorgien semble néanmoins déterminé à poursuivre son rapprochement avec l’Occident. Mais il doit composer avec une opposition qui l’accuse de vouloir renouer avec l’ancien maître russe et avec un grand voisin qui n’a pas renoncé à ses prétentions sur ce petit pays du Caucase.
Des réformes controversées
Pour ne rien arranger, la Géorgie a adopté depuis le début de l’année plusieurs lois qui ont suscité les critiques de ses partenaires occidentaux. Des textes jugés liberticides et très proches de législations en vigueur en Russie.
- Une loi sur les “agents de l’étranger” visant les ONG et médias recevant plus de 20% de leur financement de l’étranger
- Une loi restreignant les droits des personnes LGBT+
Des réformes qui font craindre un recul démocratique en Géorgie et un alignement rampant sur les standards russes, malgré les dénégations du pouvoir en place. La tenue d’élections libres et transparentes était donc un enjeu de taille pour prouver la bonne foi des autorités.
Avec ces législatives contestées et un recomptage qui ne convainc pas l’opposition, le chemin de la Géorgie vers l’UE et l’OTAN semble plus que jamais semé d’embûches. Le Rêve géorgien devra redoubler d’efforts pour rassurer sur son engagement européen et couper court aux soupçons de connivence avec Moscou.