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La Belgique détient-elle la clé d’une fin de vie digne ?

Alors que le débat sur l’euthanasie s’enflamme en France, les regards se tournent vers la Belgique, pionnière en la matière. Son modèle, souvent cité en exemple, suscite autant d’espoirs que de craintes. Enquête sur un pays qui a franchi le pas, non sans controverse.

La Belgique, un précurseur de l’euthanasie en Europe

Dès 2002, la Belgique légalisait l’euthanasie pour les personnes en phase terminale d’une maladie incurable, faisant figure de précurseur sur le Vieux Continent. Depuis, près de 30 000 euthanasies y ont été pratiquées, avec une augmentation constante au fil des années.

Mais cette expérience belge, souvent citée comme un modèle par les pro-euthanasie, ne fait pas l’unanimité. Ses détracteurs pointent du doigt les dérives d’une législation devenue, au fil des amendements, parmi les plus permissives au monde.

Des conditions sans cesse assouplies

Initialement réservée aux malades en phase terminale, l’euthanasie a progressivement été étendue aux affections graves et incurables, même non mortelles. Depuis 2014, elle est aussi accessible aux mineurs “doués de discernement”, une première mondiale.

Tous les garde-fous qui ont mis des années à sauter en Belgique ont déjà été levés en France.

– Pierre Jova, auteur de “Peut-on programmer la mort?”

Selon le journaliste Pierre Jova, auteur d’une enquête sur le sujet, le projet de loi français va encore plus loin dans l’assouplissement des conditions, autorisant par exemple un proche à donner la mort. Une disposition inédite, même en Belgique.

Entre autonomie et risque de pression sociale

Les partisans de l’euthanasie y voient un progrès de l’autonomie individuelle et un soulagement de la souffrance. Mais d’autres s’inquiètent d’un effet pervers : la pression sociale qui pèserait sur les plus vulnérables pour abréger leur vie et “libérer” la société.

  • Personnes âgées dépendantes
  • Patients psychiatriques
  • Personnes lourdement handicapées

Autant de publics fragiles qui, selon les opposants, pourraient être tentés de recourir à l’euthanasie par sentiment de culpabilité ou d’inutilité, plus que par réel désir de mourir.

Quelle alternative aux soins palliatifs ?

L’autre grand enjeu du débat : la place des soins palliatifs. Leurs défenseurs craignent que l’euthanasie ne devienne une solution de facilité, au détriment de l’accompagnement des malades en fin de vie.

En Belgique, malgré les progrès, l’accès aux soins palliatifs reste inégal selon les régions. Un manque qui pourrait inciter certains à choisir une mort anticipée, faute d’alternative.

Vers une loi française encore plus permissive ?

Le projet de loi discuté en France semble s’inspirer du modèle belge dans ses aspects les plus libéraux, voire aller au-delà. Une dérive avant même le vote, selon certains observateurs.

L’exécutif a-t-il été dépassé par sa créature ? Ou bien a-t-il laissé les extrémistes pousser le curseur le plus loin possible, pour négocier un repli qui apparaîtrait comme modéré ?

– Pierre Jova

Quoi qu’il en soit, le débat promet d’être animé dans l’Hexagone, où les pro et anti-euthanasie fourbissent leurs armes. Avec, en toile de fond, l’expérience contrastée de la Belgique, entre avancée sociétale et risque de dérive.

Une chose est sûre : la question de la fin de vie, entre souffrance et dignité, autonomie et protection des plus fragiles, est loin d’être tranchée. En France comme ailleurs, elle continuera de troubler nos consciences et de diviser nos sociétés. À nous de trouver le juste équilibre.

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