À deux mois des élections générales au Ghana, la Cour suprême vient de redistribuer les cartes au Parlement. Mercredi, la plus haute juridiction du pays a ordonné le rétablissement de la majorité parlementaire du New Patriotic Party (NPP), le parti du président Nana Akufo-Addo. Un rebondissement politique majeur qui relance les tensions à l’Assemblée nationale ghanéenne.
Retour sur une décision controversée du président du Parlement
Mi-octobre, le président du Parlement ghanéen, Alban Bagbin, avait déclaré vacants quatre sièges de députés ayant fait défection de leur parti d’origine pour se présenter sous d’autres étiquettes aux prochaines élections législatives :
- Deux députés du NPP
- Un député du NDC, principal parti d’opposition
- Un député indépendant
Or, la Constitution ghanéenne interdit aux députés de changer de parti en cours de mandat pour se présenter ensuite sous une autre bannière. Selon M. Bagbin, cette règle vise à préserver la confiance des électeurs et la stabilité du Parlement.
Sa décision avait fait basculer la majorité à l’Assemblée nationale, donnant un léger avantage au NDC. Une situation inédite qui a provoqué la suspension des travaux parlementaires le 22 octobre dernier.
La Cour suprême s’oppose au président du Parlement
Saisie en urgence, la Cour suprême a invalidé mercredi la décision d’Alban Bagbin. Selon la présidente de la Cour, Gertrude Torkornoo, les motifs invoqués par le président du Parlement “n’ont aucun mérite”.
Nous sommes arrivés à la conclusion que les motifs qui la soutiennent n’ont aucun mérite.
Gertrude Torkornoo, présidente de la Cour suprême du Ghana
Pour la plus haute juridiction, priver les Ghanéens de représentants au Parlement quelques semaines avant les élections, sans possibilité de scrutins partiels, aurait un “impact irréversible” pour les députés concernés. Le jugement rétablit donc le statu quo ante à l’Assemblée, redonnant la majorité au parti présidentiel.
Un pays sous tension à l’approche d’élections serrées
Ce bras de fer entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire intervient dans un contexte électoral tendu. Les Ghanéens sont appelés aux urnes le 7 décembre prochain pour des élections présidentielle et législatives qui s’annoncent serrées.
Selon des sources proches des états-majors politiques, la bataille s’annonce rude entre :
- Le vice-président sortant Mahamudu Bawumia, candidat du NPP
- L’ancien président John Dramani Mahama, candidat du NDC
Jusqu’à présent, le Ghana faisait figure de modèle démocratique dans une région ouest-africaine secouée par les coups d’État et l’instabilité. Mais les derniers développements à l’Assemblée font craindre des troubles politiques, alors que des projets de lois cruciaux restent en suspens.
La décision de la Cour suprême, en évitant une paralysie prolongée du Parlement, vise à ramener un peu de sérénité dans le jeu politique à l’approche de ce scrutin à haut risque. Reste à savoir si cet arbitrage sera accepté par toutes les parties, ou s’il ne fera qu’attiser les braises d’une confrontation qui couvait depuis plusieurs mois entre pouvoir et opposition.
Jusqu’à présent, le Ghana faisait figure de modèle démocratique dans une région ouest-africaine secouée par les coups d’État et l’instabilité. Mais les derniers développements à l’Assemblée font craindre des troubles politiques, alors que des projets de lois cruciaux restent en suspens.
La décision de la Cour suprême, en évitant une paralysie prolongée du Parlement, vise à ramener un peu de sérénité dans le jeu politique à l’approche de ce scrutin à haut risque. Reste à savoir si cet arbitrage sera accepté par toutes les parties, ou s’il ne fera qu’attiser les braises d’une confrontation qui couvait depuis plusieurs mois entre pouvoir et opposition.