Une loi qui coûte cher, très cher. C’est ce que révèle un récent rapport sur l’impact économique de la législation anti-LGBT+ adoptée en Ouganda en 2023. Selon les estimations de l’organisation caritative Open for Business, le pays pourrait perdre entre 2,1 et 7,7 milliards d’euros sur les cinq prochaines années. Un lourd tribut qui soulève des critiques à l’international et pousse la Banque mondiale à geler ses prêts.
Une loi répressive aux conséquences désastreuses
Adopté en mars 2023, le texte qualifié de “loi anti-homosexualité” fait partie des législations les plus répressives au monde à l’encontre des personnes LGBT+. Il prévoit notamment jusqu’à la prison à vie pour les relations homosexuelles et la “promotion” de l’homosexualité. Un délit d'”homosexualité aggravée” est même passible de la peine de mort, bien que celle-ci ne soit plus appliquée depuis des années dans le pays.
Mais au-delà des aspects juridiques et des atteintes aux droits humains, cette loi a aussi un impact économique majeur. D’après les calculs d’Open for Business, l’Ouganda aurait déjà perdu entre 434 millions et 1,5 milliard d’euros depuis l’entrée en vigueur du texte il y a un an. À plus long terme, sur une période de cinq ans, la facture pourrait s’élever jusqu’à 7,7 milliards d’euros.
Des investissements étrangers en berne
Parmi les conséquences économiques, le rapport pointe du doigt la baisse des investissements étrangers. De nombreuses entreprises et investisseurs se détournent en effet de l’Ouganda, refroidis par ce climat hostile aux personnes LGBT+. Cela impacte directement la croissance du pays et sa capacité à créer des emplois.
Un tourisme et un commerce extérieur affaiblis
Autre secteur touché : le tourisme. Avec une telle loi, l’Ouganda perd en attractivité aux yeux des voyageurs internationaux. Beaucoup préfèrent boycotter la destination par conviction. Le pays se prive ainsi de précieuses devises étrangères. Plus globalement, c’est tout le commerce extérieur qui pâtit de cette mauvaise image, avec un risque de sanctions commerciales brandies par certains partenaires.
Une pression accrue sur les finances publiques
La “loi anti-homosexualité” pèse aussi sur les finances publiques ougandaises. D’une part avec une hausse des dépenses, notamment en matière de santé et de sécurité. Les coûts des soins explosent pour les personnes LGBT+ dont l’accès à la prévention et aux traitements est entravé. Tandis que le budget alloué à la police s’envole pour appliquer la loi répressive.
D’autre part, l’Ouganda doit composer avec une baisse de certaines recettes. Au premier rang desquelles les prêts de la Banque mondiale, qui a décidé de geler son soutien financier tant que la loi resterait en vigueur. Un coup dur pour ce pays qui dépend fortement de l’aide internationale pour ses projets de développement.
Le prix de la stigmatisation
Au-delà des chiffres, cette loi a un impact social et humain dévastateur. En stigmatisant les personnes LGBT+, elle favorise les discriminations et la haine, dans la sphère professionnelle comme dans la vie quotidienne. Un climat délétère qui pousse de nombreux talents à fuir le pays, privant l’Ouganda de cerveaux et de main d’œuvre qualifiée. Ceux qui restent voient leur productivité chuter, minée par la peur et le mal-être.
Face à ces lourdes conséquences économiques et sociales, l’organisation Open for Business appelle le président ougandais Yoweri Museveni à abroger cette loi liberticide. “Ce qu’ils décident de faire leur revient. Mais la voie qu’ils ont choisie a des conséquences économiques très dures”, a déclaré Dominic Arnall, le directeur de l’organisation. Un constat partagé par de nombreux défenseurs des droits humains et acteurs économiques.
Reste à voir si ces arguments feront fléchir le chef de l’État, pour l’instant inflexible sur le sujet. Une chose est sûre : en s’attaquant aux personnes LGBT+, c’est toute la société et l’économie ougandaises que Yoweri Museveni met en péril. Un pari risqué, aux conséquences potentiellement désastreuses pour son pays et sa population.