C’est une enquête qui fait grand bruit. Deux ONG viennent de publier des résultats alarmants sur la présence de mercure dans les boîtes de thon vendues en Europe. Selon leurs tests réalisés sur 148 échantillons, 100% des conserves seraient contaminées. Des conclusions chocs, immédiatement contestées par les professionnels du secteur.
La filière thon dénonce une “fake news”
Les accusation des associations Bloom et Foodwatch ne passent pas. La Fédération interprofessionnelle des aliments conservés (FIAC) monte au créneau et dénonce “une enquête partiale et alarmiste”. Dans un communiqué, les industriels de la conserve réfutent tout danger pour la santé des consommateurs. Ils s’appuient sur plus de 2700 analyses réalisées en huit ans.
Les niveaux de mercure relevés se situent en moyenne à 0,2 mg/kg, soit cinq fois moins que la limite autorisée de 1 mg/kg.
Pierre Commère, délégué général FIAC poisson
La FIAC pointe également du doigt la méthode d’analyse du laboratoire mandaté par les ONG, “qui n’est pas accrédité”. À l’inverse, les professionnels soulignent travailler avec des laboratoires agréés, dont les résultats sont transmis aux autorités sanitaires.
Une enquête basée sur un faible échantillonnage
Autre grief de la filière : la faiblesse de l’échantillon testé par les associations. Seulement 148 boîtes prélevées dans cinq pays européens, dont 30 en France. Un panel jugé peu représentatif par les industriels, qui effectuent pour leur part des centaines de prélèvements chaque année.
Concernant le taux record de 3,9 mg de mercure par kilo relevé dans une boîte de la marque Petit Navire, la FIAC parle d’une “anomalie” en décalage total avec les teneurs habituellement mesurées. Et dénonce au passage une volonté de “faire du bruit médiatique”.
Le thon en boîte recommandé par les autorités sanitaires
Malgré les inquiétudes suscitées par l’enquête, les professionnels tiennent à rassurer les consommateurs. Ils rappellent que le thon en conserve est recommandé par les autorités de santé, au même titre que les autres poissons. L’Anses préconise ainsi d’en manger deux fois par semaine dans le cadre d’une alimentation équilibrée.
L’Agence souligne toutefois que le méthylmercure, à haute dose, peut être toxique pour le système nerveux. Elle recommande donc aux femmes enceintes et jeunes enfants de limiter leur consommation de thon. Des précautions nécessaires, mais pas de quoi bannir totalement ce produit de nos assiettes, tempère la filière.
Vers une nouvelle polémique alimentaire ?
Cette passe d’armes entre ONG et industriels n’est pas sans rappeler d’autres controverses récentes sur la sécurité alimentaire. Des traces de substances potentiellement nocives régulièrement épinglées, souvent sur la base d’enquêtes militantes. Avant un rétropédalage des autorités sanitaires, pressées d’analyser les risques avérés.
Pour le thon en conserve, les professionnels se veulent rassurants. Le produit n’a pas fini de garnir les placards des Français, deuxièmes plus gros consommateurs en Europe derrière les Espagnols. Avec plus de 63 000 tonnes de thon en boîte achetées en 2023, ce marché pèse lourd. Et n’a pas l’intention de se laisser torpiller par une polémique.