Le Président Emmanuel Macron a réaffirmé le soutien “diplomatique” de la France à la position marocaine sur le conflit du Sahara occidental, lors de sa visite d’État au Maroc cette semaine. Un engagement fort qui soulève des questions sur l’avenir de ce territoire disputé depuis plus d’un demi-siècle.
Un soutien sans équivoque à la “solution marocaine”
Devant le Parlement marocain mardi, Emmanuel Macron a déclaré sous les applaudissements que “le présent et l’avenir” du Sahara occidental “s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine”. Une position déjà exprimée dans une lettre adressée au roi Mohammed VI cet été, qui avait ouvert la voie à cette visite d’État maintes fois repoussée.
Le Président français s’est engagé à agir “diplomatiquement pour convaincre que la solution marocaine est la seule” possible, tant au sein de l’ONU que de l’Union européenne. Il a aussi souligné la volonté de la France de contribuer au “développement économique et social” de ce territoire, considéré comme “non autonome” par l’ONU.
Un conflit vieux d’un demi-siècle
Le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, est au cœur d’un conflit opposant depuis les années 1970 le Maroc aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par l’Algérie. Rabat, qui contrôle environ 80% du territoire, propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté. Le Polisario réclame un référendum d’autodétermination, prévu par l’ONU lors de la signature d’un cessez-le-feu en 1991 mais jamais concrétisé.
Des enjeux économiques et géostratégiques
Au-delà de la question de la souveraineté, le Sahara occidental représente des enjeux économiques et géostratégiques majeurs. Riche en phosphates et bordé par des eaux poissonneuses, il offre aussi un potentiel en énergies renouvelables avec son ensoleillement et son exposition au vent. Plusieurs entreprises françaises, dont Engie et MGH Energy, ont d’ailleurs signé durant la visite présidentielle des accords visant à la production d’énergies vertes et e-carburants dans la région.
Une sécurité juridique renforcée pour les entreprises ?
La position française vise aussi à sécuriser juridiquement les investissements au Sahara occidental, après l’invalidation par la Cour de justice de l’UE début octobre de deux accords commerciaux entre le Maroc et l’Union européenne. Une décision qui laissait craindre des recours du Front Polisario contre des contrats commerciaux. Mais selon Paris, ce jugement a paradoxalement apporté “plus de sécurité” en fixant des “critères”, comme le consentement du peuple sahraoui, qui ne seraient “pas insurmontables”.
Un renforcement de la présence française
Outre son soutien diplomatique, la France a annoncé un renforcement de sa présence au Sahara occidental, avec notamment l’accroissement de son “action consulaire” depuis Agadir, l’ouverture d’une Alliance française et la possibilité pour les élèves de Dakhla de passer le brevet et le baccalauréat. Des mesures concrètes pour ancrer la souveraineté marocaine sur ce territoire.
Des réactions contrastées
Si le soutien français a été salué par les autorités marocaines, il a suscité l’ire du Front Polisario et de l’Algérie. Selon une source proche du mouvement indépendantiste citée par l’AFP, la position de Paris “s’oppose aux résolutions de l’ONU et du droit international”. Alger a pour sa part dénoncé une “violation des résolutions onusiennes” et rappelé son ambassadeur à Paris pour consultations.
La question du Sahara occidental reste donc épineuse et source de tensions dans la région. La position française, si elle clarifie le jeu diplomatique, risque cependant de compliquer la recherche d’une solution politique acceptable par toutes les parties. L’avenir du “dernier territoire non autonome d’Afrique”, comme le qualifie l’ONU, semble encore incertain malgré ce soutien appuyé de Paris à Rabat.