Les virements bancaires, bien que considérés comme l’un des moyens de paiement les plus sécurisés, ne sont pas à l’abri des arnaques. Une fraude insidieuse se propage actuellement, ciblant principalement les petits artisans et entrepreneurs : le piratage de RIB lors de l’envoi de factures par email. Une menace invisible qui peut laisser des entreprises exsangues et des familles lourdement endettées.
Des familles entières victimes d’une escroquerie sophistiquée
Laëtitia Salmon et sa famille en ont fait l’amère expérience. Cette mère de quatre enfants vit actuellement dans un pavillon en travaux, littéralement troué et exposé aux intempéries. En cause : un virement de 35 000 euros destiné à payer le menuisier, Guillaume Lefèvre, qui n’est jamais arrivé sur le compte de l’artisan. Un cybercriminel a intercepté l’email de facturation et substitué son propre RIB à celui du menuisier, détournant ainsi le paiement.
Guillaume Lefèvre, quant à lui, totalise un préjudice de 42 000 euros suite à cette arnaque qui a touché deux de ses factures. Une perte sèche pour son entreprise qui l’a contraint à interrompre en urgence le chantier du pavillon de la famille Salmon. Une situation dramatique pour ces victimes qui n’ont actuellement aucun recours légal.
Un mode opératoire bien rodé
Les escrocs exploitent habilement une faille dans le processus de facturation dématérialisée. Lorsqu’un artisan envoie une facture par email avec son RIB, le cybercriminel intercepte ce message, modifie le RIB en y mettant le sien, puis le transfère au client. Ce dernier, n’y voyant que du feu, effectue le virement sur le compte frauduleux. L’argent est alors rapidement retiré et le compte clôturé, ne laissant aucune trace exploitable.
On attend le retour de ces 35 000 euros, pour que l’artisan soit payé. On n’a pas d’autre solution.
Laëtitia Salmon, victime d’une arnaque au faux RIB
Une responsabilité floue et un préjudice irréversible
Le plus rageant dans cette arnaque ? D’un point de vue légal, c’est le client, ici Laëtitia Salmon, qui est tenu responsable d’avoir transmis un RIB erroné à sa banque pour effectuer le virement. Cette dernière assure de son côté avoir réalisé des vérifications, mais uniquement par téléphone. Un contrôle visiblement insuffisant au vu des montants en jeu. Pourtant, les victimes se retrouvent seules face à leur préjudice, sans couverture d’assurance adaptée.
Des réflexes simples pour se protéger
Alors comment se prémunir de ce type d’arnaque ? Quelques réflexes simples mais essentiels sont à adopter dès la réception d’un nouveau RIB :
- Contacter directement le destinataire du virement au numéro que vous avez l’habitude d’utiliser pour vérifier que ses coordonnées bancaires ont bien changé.
- En cas de doute, effectuer un premier virement de faible montant et attendre sa confirmation avant de procéder au paiement total.
- Être vigilant même pour des fournisseurs ou prestataires de confiance, personne n’est à l’abri.
Si malgré ces précautions, vous êtes victime d’une telle fraude, il est primordial de réagir dans les 24 heures suivant le virement frauduleux pour tenter de le faire annuler. Au-delà, les chances de récupérer les fonds sont quasiment nulles.
Une menace grandissante
Si ces arnaques aux faux RIB ne représentaient en 2022 qu’1% des fraudes bancaires selon la Banque de France, elles ont causé près d’un quart des préjudices financiers, soit environ 300 millions d’euros dérobés. Une tendance malheureusement en hausse constante ces dernières années avec la dématérialisation croissante des procédures de facturation et de paiement.
Face à cette menace, une prise de conscience collective s’impose. Entreprises, artisans, particuliers, banques : tous doivent redoubler de vigilance et collaborer pour enrayer cette vague d’escroquerie qui détruit des vies en quelques clics. Car personne n’est à l’abri de voir son chantier, son projet, sa sérénité financière partir en fumée pour une simple facture piratée.