Un lobbyiste franco-algérien a créé une vive polémique en révélant les détails troublants de sa détention au Qatar en 2020. Lors d’une conférence de presse tenue à Paris, Tayeb Benabderrahmane a affirmé s’être “toujours considéré comme otage” pendant ce qu’il qualifie de “séquestration”, et a dénoncé une choquante “condamnation à mort” prononcée contre lui par la justice qatarie.
Une arrestation entourée de mystère
Le lobbyiste de 43 ans soutient ne pas avoir été informé des motifs de son arrestation en janvier 2020 au Qatar. Il y était pourtant parti travailler pour le National Human Rights Committee (NHCR) afin de dénoncer les effets du blocus imposé au pays. Selon ses dires, son supérieur lui aurait ensuite “demandé de recueillir des informations sur les investissements” qataris à l’étranger, ce qu’il aurait fait, sans toutefois révéler le contenu exact de ces renseignements.
Des informations sensibles en cause
M. Benabderrahmane affirme avoir transmis en janvier 2019 des informations sur des “dysfonctionnements” dans les “investissements qatariens”, comme la chaîne BeIn Sports, le Paris Saint-Germain (PSG) et son patron qatari Nasser al-Khelaïfi. “Un an après, pour avoir mes sources, l’origine des informations, on m’a séquestré”, a-t-il déclaré, estimant être devenu “une preuve négative de l’irrégularité de l’attribution” de la Coupe du Monde 2022 au Qatar.
Une libération sous conditions
Après plusieurs mois d’assignation à résidence, le lobbyiste a pu quitter le Qatar en novembre 2020, non sans avoir dû signer un protocole de confidentialité l’engageant à ne pas divulguer les documents potentiellement compromettants, sous peine de devoir verser 5 millions d’euros à Nasser al-Khelaïfi. C’est à son retour qu’il aurait appris sa condamnation à mort par contumace pour “collaboration avec un Etat étranger”.
Des versions contradictoires
Si l’entourage du dirigeant du PSG conteste ces accusations, assurant que M. Benabderrahmane bénéficiait d’une certaine liberté pendant son assignation à résidence, ce dernier campe sur ses positions. Ses avocats ont d’ailleurs déposé plainte à Paris en 2022, dénonçant les faits, et une enquête est en cours depuis février 2023.
D’autres procédures judiciaires en parallèle
Tayeb Benabderrahmane n’en a cependant pas fini avec la justice. Dans une enquête distincte menée en France depuis septembre 2022, il est lui-même mis en examen, notamment pour trafic d’influence et corruption. Des faits qu’il conteste, se présentant comme une victime injustement ciblée.
Cette affaire soulève de nombreuses questions sur les relations diplomatiques et les pratiques en vigueur au Qatar. Entre zones d’ombre et accusations graves, elle risque de connaître encore de multiples rebondissements judiciaires et médiatiques. Une chose est sûre : les révélations de ce lobbyiste franco-algérien ne manqueront pas de faire couler beaucoup d’encre et de susciter de vives réactions sur la scène internationale.