En plein examen du budget national, une aide financière française d’un milliard d’euros à l’Afrique du Sud fait polémique. Les fonds sont destinés à soutenir la transition énergétique du pays. Mais s’agit-il d’un prêt généreux ou d’un cadeau empoisonné pour les contribuables français ?
Un Engagement Français lors de la COP27
Lors du sommet de la COP27 en Égypte en novembre 2022, le président Emmanuel Macron avait annoncé la participation de la France à un plan d’investissement pour une transition énergétique juste en Afrique du Sud. Un premier versement de 300 millions d’euros était prévu, dans le cadre d’un engagement global d’un milliard de dollars sur plusieurs années.
L’objectif affiché était d’aider l’Afrique du Sud à renforcer sa sécurité énergétique, verdir son mix énergétique et servir de modèle pour d’autres pays, tout en assurant une transition socialement juste. D’autres pays comme l’Allemagne, les États-Unis ou le Royaume-Uni participent également à ce plan massif.
Un Prêt à Conditions Avantageuses
Mais contrairement à ce que laisse entendre le député RN Julien Odoul, qui fustige un “gaspillage faramineux” de l’argent public, l’aide française prend la forme d’un prêt concessionnel. Cela signifie que les conditions sont plus favorables que celles du marché, avec un taux d’intérêt réduit. Les sommes prêtées seront donc recouvrées à terme par la France.
Ce prêt de notre agence de développement est accordé en contrepartie des efforts de l’Afrique du Sud pour réaliser une transition énergétique juste et réduire l’utilisation du charbon.
Une source au Quai d’Orsay
Pretoria s’est en effet engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 31% d’ici 2030. Un objectif ambitieux pour ce pays qui produit encore la grande majorité de son électricité à partir de charbon.
Un Financement Pluriannuel et Multilatéral
Le prêt français sera débloqué sur 5 ans et s’inscrit dans un effort international. Le Royaume-Uni, les États-Unis, l’Allemagne, l’Union européenne, le Danemark et les Pays-Bas se sont également engagés à hauteur de 8,5 milliards d’euros au total pour soutenir la transition énergétique sud-africaine.
Au ministère français des Affaires étrangères, on estime que ce type de financement est crucial dans la lutte contre le changement climatique, qui “affecte particulièrement l’Europe, frappe les Français et leurs intérêts, menace notre agriculture et nos agriculteurs”.
Une Polémique en Plein Examen Budgétaire
Mais en période de débat sur le budget de l’État, marqué par la recherche d’économies tous azimuts, cette aide fait grincer quelques dents. Certains y voient un mauvais signal envoyé aux Français qui subissent l’inflation et les appels à la sobriété énergétique.
Le calendrier de l’annonce interroge également, en pleine COP27, comme pour afficher le volontarisme climatique de la France sur la scène internationale. Un positionnement qui se heurte aux réalités budgétaires nationales et à la grogne sociale qui monte face à la crise du coût de la vie.
Un Pari sur la Croissance Verte en Afrique
Au-delà de la polémique, ce soutien financier illustre le pari fait par de nombreux pays développés sur les énergies renouvelables comme moteur de croissance pour l’Afrique. Un continent confronté à l’explosion démographique et à d’immenses besoins en électrification.
Reste à transformer l’essai et à s’assurer que ces fonds profitent réellement aux populations, dans un contexte de bonne gouvernance. Un défi de taille, à l’heure où la dette de nombreux états africains atteint des niveaux préoccupants et où la tentation du repli et du chacun pour soi gagne du terrain au Nord.