Une polémique secoue actuellement l’Assemblée nationale. Les députés de La France insoumise sont accusés d’avoir truqué des votes lors de la séance publique du samedi 26 octobre dernier. Des vidéos largement relayées sur les réseaux sociaux semblent montrer des irrégularités dans les votes électroniques du groupe LFI. Mais que s’est-il réellement passé ? Les insoumis ont-ils triché comme certains l’affirment ?
L’origine des accusations de triche
C’est d’abord l’extrême droite, relayée par des comptes identitaires, qui a fait émerger et propager ces soupçons de tricherie sur les réseaux sociaux. Un premier extrait vidéo montre un échange tendu entre la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et la cheffe des députés LFI Mathilde Panot. Cette dernière demande à la présidente de cesser de « jeter la suspicion » sur son groupe.
Par la suite, d’autres images et vidéos publiées par ces mêmes comptes d’extrême droite, et relayées par certains députés de la majorité présidentielle, sont présentées comme des « preuves » de triche de la part des insoumis lors des votes électroniques.
Les vidéos des votes litigieux
Les images datent du samedi 26 octobre, dernier jour d’examen du projet de loi de finances 2025. Sur une vidéo, on entend la présidente de séance interpeller un député LFI en lui demandant d’arrêter « avec les deux boutons ». Elle fait ensuite monter des huissiers et rappelle que chacun doit voter « conformément à nos règles ».
Un député RN, Jean-Philippe Tanguy, demande alors des explications sur ces allusions à des votes non-conformes au règlement. La présidente Braun-Pivet parle de députés qui changent de place et peuvent voter pour un autre « présent dans l’hémicycle mais qui n’a pas eu le temps de regagner sa place ». Elle assure vérifier qu’il n’y a pas de votes surnuméraires par rapport au nombre de députés présents.
La réaction de Mathilde Panot
Dans la foulée, la cheffe de file des insoumis à l’Assemblée, Mathilde Panot, intervient. Elle regrette que la présidente « sous-entende » que son groupe triche et demande d’arrêter les « allusions ». « J’aimerais que vous arrêtiez de jeter un voile sur la crédibilité de nos votes » déclare-t-elle, assurant que le nombre de votants LFI correspond « exactement » au nombre de députés présents.
Le nombre des votants issus de notre groupe est exactement celui de ses membres présents.
– Mathilde Panot, cheffe des députés LFI
Elle se voit rappeler en retour que le vote est personnel et qu’elle vient de reconnaître que des députés LFI votent pour d’autres. À ce jour, aucune procédure pour irrégularités n’a été enclenchée contre le groupe LFI suite à ces événements.
Des élus LFI se défendent de toute triche
D’autres images relayées montrent notamment la députée de l’Essonne Farida Amrani en train d’appuyer sur les boutons d’un pupitre où elle n’est pas installée. Une « preuve » de triche pour certains, mais l’élue dément fermement. Elle explique qu’il s’agit de sa place officielle au dernier rang, comme le confirme le site de l’Assemblée nationale.
Selon la vice-présidente LFI de l’Assemblée Clémence Guetté, la députée Amrani « se retourne et vote sur son bouton, elle vote pour elle-même ». Elle regrette que « l’extrême droite et la macronie montent ce type de polémiques, car ils n’étaient pas là » lors des débats.
Une polémique instrumentalisée ?
Ainsi, les députés LFI dénoncent une polémique montée en épingle et instrumentalisée par leurs opposants politiques. Ils nient en bloc les accusations de triche et fournissent des explications sur les votes et les changements de place en séance. Une affaire symptomatique des tensions et de la défiance qui règnent dans l’hémicycle, notamment en cette période budgétaire.
Reste que ces polémiques à répétition sur la sincérité des votes fragilisent encore un peu plus l’image et la crédibilité de l’institution, déjà fortement dégradée auprès des Français. Le climat délétère à l’Assemblée se retrouve une nouvelle fois pointé du doigt.