À l’heure où les États-Unis s’apprêtent à élire leur prochain président, une polémique enflamme la toile. Wikipédia, l’encyclopédie collaborative en ligne, se retrouve au cœur d’un débat houleux. En cause ? Une page dédiée aux comparaisons entre Donald Trump et le fascisme, interprétée par certains comme une prise de position politique. Mais qu’en est-il vraiment ?
Trump, un “fasciste” selon Wikipédia ?
C’est le milliardaire controversé Elon Musk qui a mis le feu aux poudres. Dans un message posté sur le réseau social X, il accuse Wikipédia d’être “cassé” et “défaillant”, affirmant que le site considérerait désormais “Donald Trump comme un fasciste”. Une publication relayée par Musk soutient même que la fameuse page comparative aurait été créée le jour-même où un article du Guardian titrait “Donald Trump est-il un fasciste ?“.
Mais en y regardant de plus près, la réalité semble plus nuancée. Loin de prendre ouvertement position, Wikipédia se contente en réalité de résumer factuellement les accusations dont Trump fait l’objet. Dès les premières lignes, le ton est donné :
La question de savoir si Donald Trump, le 45ᵉ président des États-Unis, peut être qualifié de fasciste a fait l’objet d’un important débat académique et politique.
Une page qui donne la parole aux pro-Trump
Si la page liste effectivement les arguments des détracteurs de Trump, elle n’oublie pas de donner la parole à ses partisans. Un chapitre entier est ainsi consacré aux “critiques de ces comparaisons”, relayant notamment l’idée que ces accusations “pourraient encourager ses opposants à tenter de l’assassiner”. La rhétorique des commentateurs conservateurs y est également retranscrite, dénonçant un grave danger pour la démocratie.
Loin d’un parti-pris univoque, Wikipédia semble donc avoir opté pour une approche mesurée et factuelle. Un choix éditorial qui n’empêche pas les débats de faire rage entre contributeurs, certains dénonçant un article basé sur des “opinions”, d’autres défendant l’importance de documenter ce pan controversé de l’histoire politique américaine.
Le site Pirate Wires, à l’origine de la polémique
Mais d’où viennent ces accusations enflammées contre Wikipédia ? Mike Solana, entrepreneur fantasque et proche d’Elon Musk, n’y est pas étranger. C’est sur son site Pirate Wires, décrit comme “anti-woke”, que les premières critiques ont émergé.
Se revendiquant du mouvement libertarien, Solana ne cache pas sa proximité avec certaines idées trumpistes. S’il qualifie l’ancien président de “clown”, il se montre nettement plus sévère avec sa rivale démocrate Kamala Harris, présentée comme “une candidate à la présidentielle ridicule”.
Peut-on vraiment accuser Wikipédia de parti-pris ?
Au final, difficile de voir dans cette polémique autre chose qu’une tentative de décrédibiliser Wikipédia à des fins politiques. Malgré les efforts de l’encyclopédie pour rester factuelle et nuancée, la moindre mention des controverses entourant Trump semble désormais suffire à déclencher les foudres de ses partisans.
Une situation qui en dit long sur le climat de tension extrême régnant à l’approche de la présidentielle américaine. À l’heure où les fake news se multiplient et où chaque camp accuse l’autre de manipuler l’opinion, la tâche des acteurs de l’information n’a jamais semblé aussi ardue. Et Wikipédia, malgré ses efforts de neutralité, n’échappe visiblement pas à la règle…