Depuis quelques jours, les réseaux sociaux s’enflamment sur un sujet brûlant : les cartes bancaires allouées aux migrants en France. D’aucuns affirment que “chaque migrant reçoit une carte créditée chaque mois de 500€”. Une information qui suscite l’indignation. Mais qu’en est-il vraiment ?
Une carte de paiement sous conditions
En réalité, il existe bien une carte remise aux demandeurs d’asile, émise par l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration (OFII). Cependant, son obtention est soumise à des critères stricts. Seuls les demandeurs d’asile majeurs répondant à certaines conditions, comme l’acceptation d’une place d’hébergement, peuvent y prétendre.
Contrairement aux rumeurs, il ne s’agit pas d’une carte bancaire classique mais d’une carte de paiement sans possibilité de découvert. Elle sert à recevoir l’Allocation pour Demandeur d’Asile (ADA), dont le montant journalier varie de 6,80€ pour une personne seule à 37,40€ pour une famille de 10 personnes. Loin des 500€ mensuels évoqués.
Une allocation encadrée dans le temps
De plus, le versement de l’ADA est limité dans le temps. Elle débute après le dépôt de la demande d’asile auprès de l’OFPRA et s’interrompt dès qu’une décision est rendue ou en cas de départ du territoire. Selon les derniers chiffres, seuls 107 000 foyers bénéficiaient de l’ADA fin 2023, soit une faible proportion des 5 millions d’immigrés vivant en France.
Une intox qui persiste depuis 2016
En remontant le fil, on constate que cette rumeur n’est pas nouvelle. Dès 2016, un ancien élu du Front National partageait une photo d’une carte “permettant des retraits jusqu’à 40€ par jour”. Depuis, l’intox refait régulièrement surface, notamment à l’approche d’échéances électorales.
Cette fausse information, relayée par l’extrême droite, vise à attiser les peurs et les fantasmes sur l’immigration.
D’après une source proche du dossier
Un débat public pollué par la désinformation
Malgré les démentis répétés depuis près de 10 ans, la légende urbaine des cartes bancaires pour migrants continue de gangréner le débat public. Un phénomène symptomatique de l’emprise croissante des fake news et de la difficulté à enrayer leur propagation, surtout quand elles font écho aux préjugés et peurs d’une partie de la population.
Car au-delà de l’intox, c’est bien la question de l’accueil et des droits des demandeurs d’asile qui se pose. Un sujet hautement inflammable, sur lequel la désinformation prospère, attisant les tensions et compliquant la recherche de solutions apaisées et humaines.
Il est donc crucial de toujours garder un œil critique face aux rumeurs qui circulent, même (et surtout) quand elles semblent confirmer nos peurs ou nos préjugés. Car c’est seulement en se basant sur des faits avérés, plutôt que sur des fantasmes, que nous pourrons avoir un débat serein et constructif sur ces questions qui agitent notre société.