Les récentes élections législatives en Géorgie, ancienne république soviétique du Caucase, ont été marquées par la victoire du parti au pouvoir Rêve géorgien. Mais cette victoire est loin de faire l’unanimité. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a vivement critiqué le scrutin, accusant la Russie d’ingérence et estimant que Moscou a “enlevé la liberté” aux Géorgiens.
Des élections entachées d’irrégularités selon l’opposition
Selon l’opposition pro-européenne géorgienne, mais aussi la présidente Salomé Zourabichvili pourtant en rupture avec le gouvernement, ainsi que plusieurs chancelleries occidentales, le scrutin de samedi dernier a été entaché d'”irrégularités“. Des accusations graves qui jettent une ombre sur la légitimité de la victoire de Rêve géorgien.
Pour Zelensky, le constat est sans appel. Dans une interview publiée mercredi, le dirigeant ukrainien a déclaré :
Nous devons reconnaître qu’en Géorgie, aujourd’hui, la Russie a gagné.
Une stratégie russe d’ingérence bien rodée ?
Selon le président ukrainien, la mainmise de Moscou sur la Géorgie s’est faite progressivement. D’abord en prenant le contrôle d’une partie du territoire géorgien lors de la guerre russo-géorgienne de 2008, avec la reconnaissance par le Kremlin de l’indépendance des régions séparatistes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud, où la Russie maintient depuis des bases militaires. Ensuite en changeant la politique et le gouvernement géorgiens pour installer un “gouvernement prorusse“.
La Russie a gagné en Géorgie pour le moment. Elle lui a enlevé sa liberté.
Volodymyr Zelensky
Ces accusations font écho à celles formulées mardi par Mykhaïlo Podoliak, conseiller de la présidence ukrainienne, qui accusait le Kremlin d’avoir œuvré à “saboter les élections” en Ukraine et en Géorgie, soulignant que la stratégie russe d’ingérence électorale est facilement reconnaissable d’un pays à l’autre.
Entre ambitions européennes et pressions russes
Malgré les dénégations du parti Rêve géorgien, qui se défend de toute politique prorusse et affirme maintenir l’adhésion à l’UE comme priorité, la Géorgie semble prise en étau entre ses aspirations européennes et l’influence grandissante de son imposant voisin russe.
Les manifestations massives du mois de mai contre une loi sur les “agents étrangers“, inspirée d’une législation russe liberticide et dénoncée par les Occidentaux, avaient déjà illustré ces tiraillements. Durant la campagne, Rêve géorgien s’est aussi présenté comme le seul rempart pour éviter à la Géorgie de subir le même sort que l’Ukraine.
L’avenir démocratique de la Géorgie en question
Au-delà du cas géorgien, ces élections s’inscrivent dans un contexte plus large d’ingérence russe présumée dans les processus démocratiques de nombreux pays, notamment d’ex-URSS. Des ingérences régulièrement dénoncées par les Occidentaux, à l’instar des accusations américaines contre Moscou lors de la présidentielle de 2016.
Face à ces défis, l’avenir démocratique de la Géorgie, comme celui d’autres états post-soviétiques, apparaît incertain. Tiraillé entre volonté d’ancrage à l’Ouest et pressions de l’ancien grand frère russe, le pays du Caucase devra naviguer avec précaution pour préserver sa souveraineté et les acquis de ses révolutions démocratiques successives.
Un fragile équilibre géopolitique dont les récentes élections, et les vives réactions qu’elles ont suscitées, démontrent toute la complexité. La Géorgie, comme l’Ukraine avant elle, constitue un enjeu majeur dans la rivalité d’influence entre Russie et Occident dans l’espace post-soviétique. Un bras de fer loin d’être terminé, et dont l’issue façonnera l’avenir de la région.