Contre toute attente, la zone euro a enregistré une forte accélération de sa croissance économique au troisième trimestre 2024, atteignant 0,4% par rapport aux trois mois précédents. Cette performance, nettement supérieure aux prévisions des analystes, contraste avec le marasme ambiant sur le Vieux Continent.
Des disparités marquées entre pays européens
Si la France se situe dans la moyenne avec un produit intérieur brut (PIB) en hausse de 0,4%, dopé par la consommation liée aux Jeux olympiques, tous les pays de la zone euro ne sont pas logés à la même enseigne :
- L’Allemagne, première économie européenne, continue de stagner avec une croissance limitée à 0,2%. Son industrie souffre de coûts énergétiques élevés et d’une baisse de ses exportations vers la Chine.
- L’Italie fait encore moins bien, avec un PIB stable sur la période.
- À l’inverse, l’Espagne caracole en tête avec une croissance de 0,8%, portée par le tourisme et le dynamisme de ses exportations.
Une éclaircie avant un hiver économique difficile
Malgré cette embellie inattendue, les économistes s’accordent à dire que les mois à venir seront compliqués pour la zone euro. Plusieurs facteurs devraient peser sur la croissance :
- Un probable ralentissement dès le quatrième trimestre, l’accélération actuelle étant en partie due à des éléments ponctuels comme les JO de Paris.
- Des vents contraires structurels, notamment en Allemagne, qui pénaliseront la croissance en 2025.
- Un nécessaire resserrement budgétaire dans plusieurs pays pour réduire des dettes publiques qui se sont envolées avec la pandémie.
Autant d’éléments qui devraient inciter la Banque centrale européenne à réduire ses taux directeurs de 50 points de base en décembre, comme anticipé par de nombreux spécialistes, afin de soutenir l’activité.
L’Europe face à de profonds défis
Au-delà des soubresauts conjoncturels, l’économie européenne est confrontée à des enjeux de long terme qui menacent sa prospérité :
- La nécessité de réindustrialiser dans un contexte de concurrence internationale féroce et de hausse du coût des intrants.
- L’urgence de la transition écologique qui implique de lourds investissements et une refonte en profondeur du modèle productif.
- Le vieillissement démographique qui pèse sur les systèmes de retraite et de santé.
- Des inégalités sociales et territoriales croissantes, source de tensions politiques.
L’Europe doit se réinventer pour rester dans la course. Cela passera par des réformes courageuses et une véritable solidarité entre États membres.
Un économiste européen
Autant de chantiers titanesques qui nécessiteront une mobilisation de tous les acteurs, publics comme privés, et une vision stratégique renouvelée. Le chemin sera long et semé d’embûches. Mais les Européens ont prouvé par le passé leur capacité à surmonter les crises et à se réinventer. L’avenir dira s’ils sauront le faire une nouvelle fois.