Un important réseau de trafiquants d’êtres humains vient d’être démantelé en Bosnie après une opération policière d’envergure baptisée “Vertigo”. Selon une source officielle proche du dossier, les autorités soupçonnent le groupe criminel d’avoir organisé le passage illégal d’au moins 1400 migrants vers l’Italie entre 2020 et 2024.
Un réseau bien organisé
L’enquête a révélé que les membres de ce groupe opéraient un trafic à grande échelle de migrants originaires du Pakistan, de l’Afghanistan, de l’Inde, de l’Érythrée et de la Chine. Une fois arrivés en Bosnie, ces migrants en situation irrégulière étaient d’abord acheminés vers la Croatie voisine, pays membre de l’Union européenne.
Pour traverser la rivière Una et passer la frontière, les trafiquants utilisaient des bateaux ou cachaient les migrants dans des véhicules. Ils étaient ensuite transportés en voiture ou en camion jusqu’en Italie. Tout un réseau logistique bien rodé.
Huit arrestations et des saisies
Au cours de l’opération “Vertigo”, menée en coopération avec Europol et les polices croate, slovène et italienne, huit membres présumés du réseau ont été arrêtés dans plusieurs villes du nord de la Bosnie. La police a également procédé à d’importantes saisies :
- Plusieurs armes
- Plus de 100 000 marks bosniens (environ 51 000 euros) en liquide
- Des voitures et des bateaux utilisés pour le trafic
Les enquêteurs soupçonnent par ailleurs le groupe de se livrer également au trafic de drogue. Ses membres communiquaient via la messagerie cryptée Sky ECC, dont le décryptage a donné un accès sans précédent aux pratiques des réseaux criminels les plus dangereux des Balkans.
Une route des Balkans très empruntée et risquée
La route des Balkans occidentaux est un axe majeur pour les flux migratoires à destination de l’Europe de l’Ouest. Mais c’est aussi un périple particulièrement dangereux pour les migrants, avec de nombreux morts et blessés chaque année. En août dernier, douze personnes ont péri dans le naufrage d’une embarcation sur la rivière Drina, à la frontière serbo-bosnienne.
Les arrestations de passeurs se multiplient ces derniers temps dans la région. Selon le ministère croate de l’Intérieur, 1430 trafiquants ont été interpellés dans le pays depuis janvier, soit une hausse de près de 40% par rapport à la même période en 2023. La lutte contre ces réseaux criminels sans scrupules est un véritable défi pour les autorités des Balkans.
Les pays de transit comme la Bosnie et la Croatie sont en première ligne face aux drames humains liés à l’immigration illégale. Une coopération européenne renforcée est indispensable pour démanteler ces filières.
Un expert des migrations
L’opération “Vertigo” marque une victoire importante dans ce combat, mais le chemin est encore long. Derrière les chiffres des migrants passés en fraude se cachent d’innombrables destins brisés, ballotés au gré des réseaux de passeurs sans foi ni loi. Un fléau contre lequel l’Europe doit rester mobilisée.