Le Mozambique est au bord de l’implosion. Après l’annonce des résultats très controversés des élections générales du 9 octobre dernier, qui ont vu la victoire écrasante du parti au pouvoir, le Frelimo, l’opposition conteste et appelle à la grève. Au cœur de la tourmente, Venancio Mondlane, chef de file de l’opposition, qui a lancé un appel à une grève nationale d’une semaine à partir de ce vendredi 31 octobre. Retour sur une situation explosive.
Un scrutin entaché d’irrégularités massives
Selon la commission électorale, le candidat du Frelimo, Daniel Chapo, l’aurait emporté avec près de 71% des voix, contre seulement 20% pour Venancio Mondlane. Des résultats immédiatement dénoncés par l’opposition et de nombreux observateurs, qui ont fait état de fraudes massives et d’irrégularités à grande échelle lors de ce scrutin.
Pour Venancio Mondlane, qui revendiquait la victoire peu après le vote, pas de doute : il s’agit des élections “les plus frauduleuses depuis 1999” selon l’ONG anticorruption Public Integrity Center (CIP). Face à ce qu’il considère comme un “hold-up électoral”, le chef de l’opposition a donc décidé de passer à l’action.
L’opposition s’unit et appelle à la grève
Dans une vidéo diffusée mardi soir sur Facebook, Venancio Mondlane a lancé un appel à une grève nationale, du vendredi 31 octobre au 7 novembre, pour protester contre les résultats. Un appel qui semble avoir été entendu par les autres forces d’opposition du pays.
Selon plusieurs observateurs, un rapprochement s’est opéré ces derniers jours entre Podemos, le parti de Venancio Mondlane devenu première force d’opposition au Parlement, et d’autres partis comme la Renamo, l’opposition historique. L’objectif : “unir l’opposition en un seul front pour s’opposer aux résultats”, analyse le CIP.
La police ouvre une enquête, tensions en vue
Mais la réaction des autorités ne s’est pas faite attendre. La police a annoncé l’ouverture d’une “enquête pénale contre Venancio Mondlane et ses partisans” pour “incendie criminel”, en lien avec les manifestations qui ont éclaté la semaine dernière après l’annonce des résultats, faisant au moins 11 morts.
De son côté, le ministre de l’Intérieur Pascoal Ronda a mis en garde : “rien ne peut être résolu par des actions violentes” a-t-il déclaré, avertissant que les forces de sécurité continueraient à assurer “la libre circulation”. Un avertissement qui laisse présager de possibles tensions lors des manifestations à venir.
Le pays retient son souffle
Après quelques jours d’accalmie et malgré un recours déposé par l’opposition pour demander un nouveau décompte des voix, le Mozambique semble à nouveau au bord de l’embrasement. Combien seront-ils à descendre dans la rue, du nord au sud du pays, pour répondre à l’appel de Venancio Mondlane ? La question est sur toutes les lèvres.
Une chose est sûre : près de 30 ans après la fin de la guerre civile et en dépit de timides progrès économiques, le Mozambique reste l’un des pays les plus pauvres au monde. Et la colère gronde face à ce qui est perçu par beaucoup comme une confiscation du pouvoir par le Frelimo, qui dirige sans partage depuis l’indépendance en 1975. Les prochains jours s’annoncent décisifs.